La découverte de la Casamance, l’effervescence du projet Aux cinéphiles de l’eau

Carabane : joli mouillage en apparence mais très inconfortable – promenade-découverte de l’île avec Michel

Voilà, c’est fait, l’équipe Aux cinéphiles de l’eau est arrivé en Casamance ; son attente est comblée, et la découverte, l’étonnement, le dépaysement, total.
Nous sommes arrivés à destination, et le projet prend tout son sens, quelle satisfaction de voir que nous ne nous sommes pas trompés !

Notre première escale fut comme prévue : Carabane. Ile juste à l’entrée de l’embouchure du fleuve Casamance, l’association « Pili Pili » avait annoncé notre venue mais je ne savais pas exactement quelle personne avait été avisée, je pensais à l’instituteur. Dès que nous posons pied à terre, nous partons donc à la recherche de l’école. On est vendredi après-midi et une réunion de sensibilisation sur le sida est organisée dans l’école pour les jeunes du village, quelle surprise et mise dans le bain ! J’explique à l’instituteur rapidement notre projet, que nous avons également plusieurs courts métrages traitant du sida… Lamine, l’instit, est très intéressé, il nous introduit auprès du représentant des jeunes de Carabane, Michel, et ensemble ils nous proposent d’organiser une séance dès le lendemain ! Samedi soir semble en effet être le moment le plus adapté, et comme cela nous nous ferons directement connaître, ce qui sera positif pour notre intégration à Carabane. Nous faisons le tour du village avec Michel pour informer les habitants, et le tour est joué.

Projection de Kirikou : à la place d’une foule en furie comme on le craignait, des enfants scotchés devant l’écran, sages comme des images, incroyable…

Nous projetons Sango Malo, du camerounais Bassek Ba Kobhio, film tout public, histoire d’un jeune instituteur qui débarque dans un village et souhaite révolutionner l’éducation, en incitant les élèves à travailler la terre ; film accessible donc, avec un message intéressant. On en profite également suite à la réunion de la veille pour montrer quelques courts métrages « scénario d’Afrique » sur le thème du sida. Une cinquantaine d’adultes assiste à la séance ainsi que de nombreux enfants, et tout se passe à merveille. La soirée est organisée dans le foyer des jeunes – il fait trop froid pour faire la projection en extérieur, c’est l’hiver pour eux aussi ! – chacun apporte sa chaise, et tout le monde reste du début à la fin, tous très concentrés, c’est génial !
Le lendemain après-midi, nous proposons Kirikou, la séance fait carton plein ! La plupart des enfants du village sont présents, mais aussi des adultes, et une fois de plus, ils nous surprennent : les enfants sont plutôt calmes avant la séance, coachés par les adultes, et ils restent sages comme des images pendant toute la projection, happés par l’écran !

Parallèlement aux projections, nous en profitons pour découvrir avec grand plaisir les paysages, les arbres magnifiques de l’île, et son fonctionnement ingénieux. Les habitants s’autosuffisent, ils vivent de la pêche ou de petits boulots sur l’île, du tourisme un peu également, et tous cultivent la terre. Chaque femme, si elle le souhaite, se voit attribuer une parcelle de terre équitable appartenant au village pour pouvoir faire un jardin. Les animaux vivent en liberté et se promènent dans tout le village : on croise donc des chèvres, des poules, des cochons… En plus des légumes et des fruits (orange, pamplemousse, clémentine, noix de coco), ils produisent du lait et des œufs ; on se remet au lait fermier, un délice !

Les vaches produisent de la bouse, les femmes la ramasse et la ramène au jardin pour en faire de l’engrais, quoi de plus naturel ? Lorsqu’on leur demande si elles utilisent de l’engrais chimique : « Au début, on nous en a donné, mais ça changeait les légumes, ils n’étaient pas bons, alors on ne les utilise pas. »

Nous pensions rester un petit moment, s’intégrer à la vie paisible du village, passer du temps avec Michel et ses amis… Mais voilà, notre habitation n’était pas très confortable… Le mouillage était plein vent tous les matins et une nuit, le vent s’est levé et nous n’avons pas dormi de la nuit tellement le bateau bougeait dans tous les sens. Impossible avec nos 1m80 de tirants d’eau d’aller nous réfugier dans un bolong derrière le village, nous voilà contraints de quitter Carabane plutôt que prévu, quel dommage.

C’est l’endroit qui nous plaît le plus depuis tout le voyage et c’est là que nous restons le moins longtemps (5 jours). Heureusement que nous avions organisé directement une séance, auquel cas nous aurions été bien frustrés, comme quoi il ne faut pas attendre pour faire les choses, car on ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain ! Une autre séance était en cours de préparation, avec l’aide des jeunes pour trouver un financement pour l’essence. Sans électricité dans les villages, nous devons maintenant utiliser notre groupe électrogène, et ce que nous avions oublié, c’est que l’essence, ça coûte cher ! Impossible pour nous de payer l’essence pour chaque séance, nous ne sommes pas une ONG qui donne pour donner, nous préférons expliquer la situation aux villageois : s’ils veulent un cinéma, il faut qu’ils participent eux aussi.
Nous quittons Carabane mais pas définitivement, Lamine nous invite au festival socio-culturel de l’île qui se déroule en avril, d’ici là le vent soufflera moins, le mouillage sera donc plus confortable. Restant six mois dans la région, nous pouvons nous permettre de revenir sur l’île, c’est appréciable de ne pas se dire au revoir mais à bientôt ! Nous partons avec quelques courses (des œufs, du lait, des patates, des fruits), et heureusement car le village suivant ne sera pas tant fourni !

Nous partons pour Niomoune, village où nous attendent nos amis du voilier Goélane (si vous suivez le journal depuis le début, vous les connaissez aussi, nous les avons rencontré à notre arrivée en Espagne après notre traversée du Golfe de Gascogne). Katell, Julien et leurs enfants Youna et Maël devaient traverser l’atlantique cette année après leur passage au Siné Saloum pour une mission avec Voiles sans frontières, mais voilà, ils sont tombés amoureux de la Casamance ! L’envie de se poser un peu, prendre le temps, est venu s’ajouter à leur choix, ce qui fait notre bonheur ! On est super contents de se retrouver, cela fait un mois et demi qu’ils vivent à Niomoune, ils peuvent donc nous introduire !

 

Notre arrivée à Niomoune : plongée d’entrée dans une cérémonie traditionnelle de deuil

Heureusement en effet qu’ils sont là, ainsi qu’Anouk, une « toubab » qui vit à Niomoune depuis 3 ans, car notre arrivée est des plus originales et dépaysantes : nous débarquons à Oback, un des 4 quartiers de Niomoune le jour d’une cérémonie de deuil. Une vieille femme est décédée la veille, tout le village et les alentours sont réunis pour lui rendre hommage. Il existe deux sortes d’enterrement dans la religion animiste : une cérémonie « gaie » pour un deuil d’une personne âgée morte naturellement et une cérémonie triste pour un deuil d’un jeune et/ou d’une mort accidentel. Nous avons donc l’honneur d’assister à une cérémonie de fête traditionnelle, difficilement explicable en quelques mots : les hommes dansent tous en chantant avec une lance à la main, les sauts de bounouk (alcool local = vin de palme) coulent à profusion, les griots finissent par porter le corps et demander aux esprits si la femme est prête à partir au cimetière (la famille dépose des offrandes – boissons – sur le cercueil et parle au défunt)… Bref, c’est la découverte d’une culture qu’on ne connaît pas, très portée sur les fétiches, les griots, le respect des anciens. En l’espace d’une après-midi, nous saluons presque tout le village, quel accueil !

 

Projection de film sur la place du village

Remise tout juste de mes émotions, nous partons nous promener dans le village le lendemain avec Katell et rencontrons les jeunes d’Oback. Je leur explique notre projet et ils réussissent à me convaincre d’organiser une séance dès le lendemain, c’est reparti ! Ils m’affirment que l’info va vite circuler, et que la foule sera là, et ils n’ont pas menti !
Après une petite hésitation sur le choix du film – ils s’organisent souvent des soirées vidéo où ils ne regardent que des films de guerre ou de Kung Fu, et lorsque le film est trop calme, ils en passent un autre : passer un film africain où il ne se passe pas grand-chose nous semblait un peu risqué pour une première… – nous projetons Mossane, de la sénégalaise Safi Faye (ils nous étaient demandés un film en wolof car beaucoup ne parlent pas français, et nous n’avons pas de film en diola) : très beau film qui conte l’histoire d’une belle jeune femme de 14 ans convoitée par tout le village, elle est amoureuse d’un homme qui l’aime également, mais elle est promise un autre, un riche du village qui vit en France. Sa famille la force à se marier avec cet homme pour l’argent, et Mossane refuse. Le film est assez lent, avec de longs moments de pose musicale et pourtant, il comble le public. Tout fonctionne comme nous l’avions pensé : même s’ils n’ont pas l’habitude de regarder des films d’art et essai, le fait que le film parle de leur vie, cela les enchante. Ils rigolaient tous en voyant les personnages manger à la main dans un grand plat, alors qu’ils font tous les jours !

Vu panoramique du public ce soir là : record battu, les habitants des autres quartiers autour de Oback se sont aussi déplacés pour voir le film

Projection samedi soir au foyer de Oback

Le lendemain les échos étaient très positifs, beaucoup m’ont demandé si une autre projection est prévue le soir même ! Nous n’y pensions pas car le samedi soir, les jeunes organisent un bal. Mais voilà, dans le quartier d’Elou, une autre cérémonie de deuil a lieu pour un jeune décédé quelques jours avant à Ziguinchor et originaire du village. La soirée prévue à Elou est annulée et les jeunes d’Oback nous demandent de projeter un film le soir. Nous acceptons à la condition que les jeunes organisent tout : la communication et l’entrée pour pouvoir payer l’essence. De nouveau, ils nous surprennent. Habitués à organiser des soirées, tout se passe sans incident : en deux heures tout Niomoune est au courant de la projection, ils font payer 50 francs CFA (5 centimes) pour les adultes, 25 francs pour les enfants. Pour rentrer dans nos frais, nous nous étions baser sur 150 personnes mais l’audience a été beaucoup plus forte. Comme film du samedi soir, nous passons Jaaro Bi, de nos amis de Pikine rencontrés pendant le festival de film à Dakar. C’est un premier film réalisé dans un quartier de Dakar qui se veut très comique, la salle a rigolé du début à la fin !

Nous ne pouvions pas imaginer mieux en termes d’échange pour notre projet : organiser les séances avec les jeunes du village, qui règlent seuls notre problème d’argent du à l’essence du groupe électrogène. Comme il y avait foule ce soir là, l’entrée a permis de payer deux séances, nous allons donc organiser une autre projection un soir en plein air, gratuit pour tout Niomoune.

Organisation « pratique » pour la projection du collège : chacun vient avec sa chaise !

Tous les élèves sont présents ainsi que d’autres enfants et adultes de Niomoune

Débat sur le sida animé par le principal, le prof de SVT, Alipha du dispensaire (avec la casquette), et Anouk bénévole à « Aides »

A côté de cela, nous avons rencontré l’école et le collège qui s’organisent également pour proposer aux élèves des séances spéciales. Grande première mardi après-midi dans le foyer de Som (un autre quartier de Niomoune) où il était projeté un documentaire sur C’est quoi le sida et un film de fiction de 30 min réalisé par des jeunes banlieusards de Paris Tout à Refaire, traitant de l’émigration. Comme vous pouvez vous en rendre compte, tout s’est organisé très vite : 3 séances en l’espace de 5 jours. Pour la dernière, on a bien failli se voir nous la reprocher… En fait, la projection avait été organisée avec le principal du collège mais nous n’avions pas avisé le dispensaire de santé de Niomoune pour le documentaire sur le sida, tout simplement parce que nous ne savions pas que ce dispensaire existait. Par le biais d’Anouk, l’infirmier est venu se plaindre, on a rectifié le tir en l’invitant la veille pour le lendemain à assister à la séance et à participer au débat. Autre erreur, nous n’avions toujours pas rencontré le chef du village, absent depuis notre arrivée à cause du deuil du jeune de Ziguinchor. Attention, à vouloir aller un peu vite, nous avons oublié quelques règles importantes… Tout s’est arrangé sans soucis, nous avons rencontré le chef du village avant la projection pour les élèves, il était déjà au courant de notre arrivée et nous souhaitait la bienvenue !
Et pour ce qui est du dispensaire, nous avons réalisé que c’est bien le principal qui avait omis de nous en parler, car il ne souhaitait pas vraiment leur présence à la projection. Conséquence : débat un peu houleux où membres du collège et membres du dispensaire n’étaient pas d’accord entre eux sur les réponses à apportées face au sida, le principal voulait qu’on parle uniquement français car cette séance était organisée par l’école pour des fins pédagogiques… Mais quel pédagogie de parler à des élèves une langue que certains ne comprennent pas ! Bref, je pourrais m’étaler sur ces problèmes mais par écrit, il ne sera pas évident que vous me suiviez dans ma réflexion, j’arrête donc ici le débat !

Comme vous le voyez, nous avons pleins de choses à dire sur notre arrivée en Casamance, ce début de séjour est très riche à tous les niveaux. L’intégration à Niomoune a été express. Avec le cinéma, tout le monde connaît mon prénom et dès que je me promène dans le village, j’entends « Pauline, Kasoumay (Comment ça va) ? ». On se sent très bien ici, l’échange est total, nous apprenons beaucoup de leur vie et nous leur apportons beaucoup avec cette découverte du cinéma africain.

Voilà, pour la vie quotidienne niomounoise, ce sera pour un prochain message, pas avant 15 jours car pour aller sur internet comme pour aller faire des courses d’ailleurs, il faut se rendre à Ziguinchor, la capitale, à environ 4h en pirogue. Grand changement pour nous en effet : on ne trouve pas de légumes, lait, œufs, fruits… à Niomoune. Ils ne mangent que du riz avec du poisson quand il y en a, on trouve peu de choses à la boutique (du bon pain tout de même !), mais tout cela est une question d’habitude et d’organisation (pour faire ses réserves en allant à Ziguinchor !).

 

Le départ de Benj

Le voilier Goélane

Autre grand changement : le départ de BenjaMains. Heureusement que nous avons la satisfaction de nous retrouver tous les deux avec Yann, car nous voyons partir un grand ami, qui va beaucoup nous manquer dans la suite du voyage, spécialement pour Yann qui partageait beaucoup avec lui, que se soit pour la musique ou les travaux sur le bateau. Nous nous quittons naturellement en Casamance, à la fin de notre périple itinérant, après 4 mois de vie commune et plus de 6000 km parcourus, quelle riche expérience ! Je vous laisse avec un dernier magnifique message de Benjamin, que nous remercions mille fois et à qui l’on souhaite un bon retour, à toi de lancer ton projet, on est avec toi !!

 

 

Arrivée en Casamance, terre où l’homme ouvert et généreux vie en harmonie avec la terre, l’eau et l’animal.
Terre de tradition, où les valeurs africaines sont encore aujourd’hui en grande partie préservées.
Terre d’accueil, où Evaloa et son équipage se sentent tout de suite à l’aise, comme des membres de la famille.
Terre d’harmonie, où chaque scène de vie détient toute la beauté du monde, dans un décor de nature forte.
Arrivée en Casamance, où la fin d’un long voyage laisse place sans transition à un autre qui promet d’être riche en expériences et découvertes.
Le Cinéma est apprécié comme jamais, à sa juste valeur. Sa place est bien ici, au bon endroit, au bon moment.
C’est sur ce tableau harmonieux que j’achève ce si beau voyage. Je vais laisser un peu tranquille Yann et Pauline, les laisser vivre leur projet, vivre cette expérience, vivre tout simplement.
Je vous laisse là, heureux et serein de vous savoir dans cette région si accueillante.
Je ne vous remercierai jamais assez pour cette invitation au voyage. Et quel voyage ! A quatre sur le dos d’Evaloa, les histoires ont été riches et fortes, les rencontres chaleureuses et surprenantes, les paysages envoutants, et la vie tellement belle.
Me voilà bien chargé de couleur, d’émotions fortes et de soleil, prêt à affronter le froid du nord. Mais pour éviter tout choc thermique, je prévois un retour en douceur par la route jusqu’au Maroc, pour finir par les airs. Et grande coïncidence, Agnès part le même jour que moi de Bretagne en bus pour rejoindre Evaloa. Deux départs le même jour pour ce 20 Janvier, date déjà historique avec ce grand changement  de l’autre coté de l’Atlantique.
Ce long voyage m’a permis de me poser un peu avant d’achever mon projet qui lui aussi tourne autour de l’itinérance et du vivre autrement : un atelier de menuiserie itinérant accompagné de ma casba démontable.  A mon retour, je commencerai tout de même par mettre à jour ma page perso sur le site internet de l’association collective et artistique où je suis installé : http://elaboratoire.free.fr
Le cinéma itinérant est arrivé à bon port. Je peux maintenant quitter le navire… comblé.
Merci encore.

PS : nous avons mis beaucoup de photos dans ce message mais nous sommes tellement contents de pouvoir vous montrer comment se passent nos projections en Casamance, c’était dur de choisir !

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Départ pour la Casamance : ENFIN !!

Tout d’abord, le traditionnel « bonne année » !!
Nous l’avons bien commencé, toujours sur Dakar, sur la plage devant Evaloa. Nous pensions aller dans le centre ville pour le premier de l’an mais nous nous sommes fait happer par la musique, le barbecue sur la plage, un peu comme à noël quoi, avec en plus le chant et la danse, encore un très bon moment partagé.

Le premier de l’an sur la plage : on a déplacé tous les instruments du bateau pour faire chanter et danser (mais bon, c’est pas moi qui joue de la guitare…) !

Nous étions tout même contents de quitter Dakar, quitter la ville, la poussière, la pollution et la surpopulation. Nous sommes partis samedi dernier pour une dernière escale avant la Casamance : M’bour. Départ samedi matin : totale pétole ! Comme d’hab, nous ne souhaitons pas avancer au moteur, au bout de deux heures, on fait demi-tour, on est devant la plage de la Voile d’or alors nous décidons d’y faire un petit saut, en souvenir de notre passage. Baignade et repos, nous repartons le soir même et naviguons de nuit. Nous sommes arrivés dimanche matin, Evaloa a posé l’ancre devant la plage de M’Bour, à côté de chez Yoyo, un pote du Trégor venu 3 mois au Sénégal rejoindre sa femme Mam.

Couscous sénégalais pour le Tamkharit

On a passé quelques jours avec eux, nous nous sommes régalés en mangeant sénégalais. Mam nous a cuisiné des plats traditionnels comme le yassa (riz blanc avec une sauce oignons avec du poisson ou du poulet) ou le thieboudjen (riz rouge aux poissons), et pour finir le dernier soir, un couscous sénégalais ! Les sénégalais fêtaient le 07 janvier le nouvel an musulman, appelé Tamkharit. C’est jour de fête où la tradition veut que les hommes se déguisent en femmes, et les femmes en hommes, très original ! Nous n’avons pas pu organiser de projection de films comme cela était éventuellement prévu dans une école à M’bour : problème technique ! Avec ses 1m80 de tirants d’eau, Evaloa était mouillé très loin de la plage mais surtout, de belles vagues éclataient sur la plage, et pour arriver en annexe, ce n’était pas évident… Nous n’avons pas voulu tenter de sortir le matériel de projection au risque de le voir trempé ou pire tombé à l’eau, on n’en a encore besoin pour la Casamance ! On aurait pu changer de mouillage pour aller à Saly à 3km mais nous avons préféré manquer cette étape et partir direct pour la Casamance.

Tressage avec Touli et Mam

J’ai profité de ce passage à M’Bour pour me faire plaisir : tressage de cheveux avec Mam, sa sœur, et la mère de Yoyo, et une autre sœur de Mam, Fatou, qui est couturière, m’a cousu un beau pagne avec une tunique. Ça y’est, je me suis sénégalisée (enfin, physiquement…) !

Nous partons demain pour la Casamance, nous avons tous hâtes de découvrir enfin la région, on a soif de verdures et de villages !! On est également pressés de voir s’épanouir le projet à l’endroit où il a été pensé. Yoyo nous accompagne, Benjamin aussi avant de repartir en France dans 15 jours. Une journée et une nuit de navigation et nous y sommes !
Cette fois, je ne m’avance pas sur l’endroit où nous allons nous poser… vous le découvrirez dans le prochain message !

Bon début d’année à tous, très froid selon les dires… Pour nous, ça va, il fait environ 30 degrés, et il fera encore plus chaud en Casamance, à chacun son hiver !

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Notre premier festival de film africain et notre premier noël à Dakar !

Comme il est plus difficile pour moi de tenir le journal quotidiennement, nous nous sommes mis au rythme africain, il faut prendre son temps !
Quoique depuis que nous sommes arrivés à Dakar, le temps nous l’avons pris pour le remplir de multiples activités, notamment de programmations de films (ça tombe bien, c’est notre projet !).

L’affiche des séances à la Voile d’or

Préparation

Tout d’abord, notre semaine passée à la Voile d’or. D’un côté, nous étions contents de pouvoir profiter d’un moment à terre où nous étions logés et nourris (et bien nourris, même si ce n’était pas des plats sénégalais mais plutôt européens) mais de l’autre, nous n’étions pas à notre place, et de ce fait le projet non plus. Endroit touristique, belle plage remplie de cocotiers où il faut payer 1000 francs CFA en journée pour pouvoir s’y baigner, vous imaginez que ce n’est pas un lieu populaire où les dakarois se rendent quotidiennement… Le festival du film de quartier n’avait encore jamais organisé de projections dans ce quartier chic de « Bel air », éloigné du centre ville. Conséquence : malgré le grand engouement de l’équipe du Media centre « vous aurez pleins de monde on en est sûr, la communication est passée », nous n’avons eu qu’une vingtaine de personnes lors des 3 projections à la Voile d’or. Les spectateurs n’étaient même pas festivaliers mais habitants du quartier, personnes travaillant près de la Voile d’or, amis rencontrés depuis notre arrivée ou voileux du yacht club du CVD. Ils étaient venus grâce à notre invitation ou grâce à NOS affiches faites mains deux jours avant, et non par la publicité du festival. Bien sûr nous étions un peu déçus dans un premier temps, même si nous nous doutions qu’il n’y aurait pas foule.

Petit concert avant la projection

Séance intimiste sous les cocotiers

Au final, nous garderons beaucoup de positif des séances de la Voile d’or : en petit comité, nous avons pu échanger sur les films et tous les gens venus aux séances ont passé un superbe moment de cinéma. Les premiers films africains en compétition étaient pour la plupart de bonne qualité, avec toujours en ligne de mire un message fort à exposer. Un des courts métrages filmait de jeunes talibés mendiant dans les rues de Dakar, la réalisatrice Aïcha Thiam nous a fait l’honneur de venir en parler après la séance. Les films de Sembene Ousmane ont également remporté un vif succès, notamment Moolade, son dernier film contre l’excision. Une jeune africaine est sortie bouleversée de la projection, m’expliquant qu’elle n’avait jamais vu un film de ce genre, criant de vérité. Organiser plusieurs séances dans un même lieu est très intéressant, nous avions déjà nos habitués qui nous annonçaient avec plaisir avoir discuté du film de la veille toute la journée ! Un dakarois d’une quarantaine d’année nous racontait également aller au cinéma étant petit, prenant trois tickets pour la journée, mais les films proposés étaient des films de Kung-Fu ou des films hindous, jamais africains. Maintenant il n’y a pratiquement plus de cinéma à Dakar alors la question du choix du film ne se pose même plus ! Le dernier soir nous avons projeté un premier long métrage sénégalais, Jaaro Bi, tourné dans un quartier de Dakar (populaire celui là) nommé Pikine. Les 3 acteurs principaux étaient présents, nous expliquant que le film a fait un tabac dans tout le Sénégal, mais n’est jamais passé à la télé, ni dans les salles, tout est passé par internet et le marché noir ! Un an après sa sortie, ce n’était que la 2ème fois qu’il voyait le film sur grand écran ! Bel échange autant pour nous que pour eux, Jaaro Bi a beaucoup fait rire les spectateurs (jusqu’aux employés du bar qui regardaient le film de loin) – il a d’ailleurs obtenu le prix du public du festival -.
Pour donner une ambiance plus conviviale et accueillante aux séances, nous avons précédé les films d’un petit concert de rap dakarois, le dernier soir le groupe Kawtufu Diuma a écrit une lettre en hommage à Sembene Ousmane, très touchante.

Maintenant, notre passage à Gorée, organisation un peu laborieuse !!

Evaloa au port de Gorée pas très abrité, les bouts ont pris chers pendant 3 jours…

L’affiche du festival en hommage à S. Ousmane devant le centre culturel de Gorée + notre affiche

Dans le programme du festival, deux séances devaient avoir lieu à l’île de Gorée, le mercredi et le vendredi. Mais voilà, la demande auprès des autorités locales n’avait pas été effectuée, malgré les dires du Media centre ! Si bien que le mercredi même nous n’avions aucune nouvelle du festival, toute l’équipe étant partie sur Ziguinchor et préférant ne donner aucun signe de vie plutôt que d’avouer avoir été submergé et n’avoir pas fini leur travail d’organisateur… Nous n’avons donc pu nous rendre à Gorée le premier soir. Pour le vendredi soir, cela s’annonçait de la même façon, j’ai donc appelé moi-même à la mairie de Gorée le jeudi matin pour expliquer notre situation. A notre surprise, la mairie n’était pas au courant de notre venue, nous expliquant avoir besoin d’une demande écrite au préalable qu’ils n’ont pas reçue. Nous décidons d’un commun accord de venir sur place et d’aviser en direct. Arrivée donc un peu hasardeuse le vendredi midi à Gorée, d’autant qu’on débarque à la mairie à l’heure de la prière (tous les musulmans vont prier le vendredi à la mosquée et s’absentent du travail entre 14 et 15h), quel manque de tact ! Le secrétaire nous demande d’attendre mais nous explique bien qu’il n’aime pas ce genre d’organisation, il a eu contact avec le media centre la veille seulement (là, on hallucine un peu), et ils n’ont toujours pas envoyé de demande écrite par mail. Ça s’annonce mal mais par chance, pendant notre attente, nous rencontrons un jeune artiste peintre, Ibrahima, qui nous emmène à l’institut Gorée, où nous sommes accueillis par la personne chargée de la culture à la mairie de Gorée, qui est prête à nous soutenir. Un coup de téléphone au maire et tout est réglé ! Le maire et son adjoint ne voient aucun inconvénient à ce que l’on organise une projection de film à Gorée, comment refuser alors que c’est gratuit ! Ils regrettent tout de même le manque de communication avec le festival, nous de même ! Nous reportons la séance au samedi soir, il nous faut tout de même un peu de temps pour prévenir les habitants qui ne sont du coup pas au courant de la projection. A la va vite, Maina confectionne une deuxième affiche pour l’occasion, que nous collons un peu partout sur l’île.

Le centre socio-culturel de Gorée : un lieu splendide, avec d’immenses gradins, trop sûrement, les spectateurs n’osant s’y assoir et préférant rester sur le côté…

Nous devons faire face au problème similaire à la Voile d’or : le manque d’audience. Une cinquantaine de personne assiste tout de même à la séance, mais ils ne sont arrivés qu’à 22h ! Par manque de renseignements, nous avions annoncé la séance à 19h, comme pour les autres séances du festival, mais tous les gens de l’île mangent à 21h ! Ils s’organisent en fonction de la chaloupe de Dakar, ils attendent pour la plupart le retour du mari travaillant en ville pour manger en famille. Nous avons été bien surpris lorsque de 19h à 21h nous n’avions qu’une dizaine d’enfants criant devant l’écran : « un dessin animé ! Un dessin animé ! ». Nous avons donc passé quelques courts métrages d’animation pour les faire et nous faire patienter, puis les gens sont venus petit à petit.

Pleins d’espoirs et pensant que les gens n’étaient pas trop venus du fait de la programmation du soir (nous passions un vieux film de Sembene Ousmane, Le Mandat), nous décidons de proposer une autre séance le lendemain avec le film Moolade. Le lieu de projection est magnifique, on en profite ! Nous avons passé la journée du dimanche à refaire des affiches à l’arrache (plus grosses car elles n’étaient soi-disant pas visible, que le public est exigeant !) et surtout, à inciter les gens de l’île à venir voir la séance, ils nous ont tous dit : « on passera Inch’Allah » et au final, nous avons eu la même audience que la veille, une cinquantaine de personnes.

Nous ne pensions pas devoir « se battre » à ce point pour faire venir les gens au cinéma, pour une séance gratuite ! Mais on se croirait en France ! En fait sur l’île de Gorée, l’offre culturelle est présente, en masse. On n’est pas dans la même situation que dans un village où il ne se passe rien le soir, les gens de Gorée sont privilégiés par rapport à cela, une fois de plus donc, le projet n’avait pas forcément sa place ici, en tout cas on peut dire qu’il en aura plus dans les villages reculés de Casamance, enfin on l’espère !

Le foot comme passion favori

des peintures exposées dans toute l’île

Il y a du bon à retirer de toutes choses, nous ne pouvons regretter ce passage à Gorée, nous nous sommes fait plaisirs à découvrir cette petite île magnifique, un très bel exemple d’évolution. L’île de Gorée a transformé sa dure histoire de port négrier en île artistique, où les sous terrains sont transformés en hall d’exposition et les bunkers repeints. Une île très touristique certes (pendant trois jours nous avons du nous atteler à expliquer en vain qu’on ne venait pas pour acheter des souvenirs mais plutôt leur proposer une séance de cinéma africain) mais soucieuse de l’écologie, on ne retrouve pas les ordures partout comme c’est le cas à Dakar, le ramassage des poubelles se fait tous les matins avec un âne et sa charrette. De plus, nous avons été très bien accueillis par la mairie de Gorée, et par le port qui n’est habituellement pas donné, nous sommes conviés de revenir dès qu’on le souhaite, en préparant bien sûr à l’avance notre venue !

Nous sommes rentrés lundi soir sur Dakar, au centre de voile (le CVD), yacht club où arrive la plupart des voiliers au Sénégal. Cela tombe bien, nous retrouvons effectivement le lendemain matin le magnifique lugger « Veracity » de nos amis anglais Marcus et Jess, arrivés dans la nuit (vous savez, celui qui nous a vendu l’hélice – au passage, elle n’est toujours pas changée même si ça ne devrait plus tarder, il nous manquait une pièce qu’on a fait faire sur Dakar). C’est un immense plaisir de pouvoir se retrouver et pouvoir partager noël ensemble. Nous avons l’impression de passer noël avec notre famille « de remplacement », celle du bateau, c’est super. Noël a également un côté touchant pour nous (au-delà du fait que c’est la première fois que je passe noël loin de ma famille) : c’est le dernier jour où nous sommes tous les quatre sur Evaloa. Maina nous quitte, elle reste se poser un peu sur Dakar pour entamer son propre voyage. Elle nous offre un portrait de chacun de nous – comme elle le fait déjà pour toutes les rencontres au cours du voyage (elle dessine le personnage version bande dessinée avec une bulle où est inscrite une phrase représentant le personnage) – moment très émouvant, un voyage se termine, un autre commence… Nous allons rester à trois le temps d’aller jusqu’en Casamance, d’où BenjaMains repartira lui aussi pour la France, nous laissant seuls Yann et moi sur Evaloa, après 3 mois de vie collective, ça nous fera du bien !

Nos portraits, réalisés par Maina, notre graphiste attitrée !

Apéro sur Veracity pour Noël

fête de noël sur la plage

Nous garderons un très beau souvenir de ce noël passé au soleil sous les cocotiers de Dakar. Nous avons tout d’abord pris l’apéro autour de bons toasts et vin français (je ne sais pas comment il a tenu tout le trajet en bateau celui-là !) à bord de Veracity, dont l’intérieur avait été décoré pour l’occasion, avec son charme originel (tout est en bois), nous nous sentions comme dans une maison un soir de noël à part que l’on crevait de chaud ! Nous avons continué la soirée sur la plage autour d’un barbecue (l’apéro trop garni nous a empêché d’apprécier les poissons grillés mais passons) et des percussions mêlées au son de l’accordéon et du saxo, inoubliable ! Pendant ce temps, au CVD, une soirée un peu kitchou et un peu cher était organisée, si bien que pas mal de gens ont fini par nous rejoindre sur la plage, on a réussi à organiser sans trop le vouloir une soirée off, pas mal !

Voilà pour ce long message, ça vous donne une bonne lecture, un bon passe temps pour cette fin d’année ! Nous ne savons pas encore où nous passerons le premier de l’an, Inch’Allah ! Dans la semaine prochaine, nous quitterons enfin Dakar pour Mbour, ville à environ 80km où loge en ce moment Yoyo, notre pote de Pontrieux venu en voilier l’année passée à Dakar. Nous allons poser l’ancre quelques jours devant chez lui et sûrement organiser une séance de cinéma dans un orphelinat là-bas.
Bonnes fêtes de fin d’année à vous tous et à bientôt pour d’autres nouvelles (sûrement plus espacées qu’avant, rappelez vous on se met au rythme sénégalais, qui n’est pas sans nous déplaire) !

 

 

 

 

 

 

 

 

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Arrivée à Dakar et préparation du festival

Pour nos amis du Trégor : Devinez qui avons-nous retrouvé par hasard à Dakar : Yoyo !

Suite du récit : « Notre mouillage se trouve en fait devant la Voile d’or, hé oui, à l’endroit même où l’on doit organiser les projections de films, que le hasard fait bien les choses !!

Le hasard fait si bien les choses qu’une fois rendus au bureau du Media Centre de Dakar, deux jours après notre arrivée, nous sommes accueillis comme des rois par l’équipe du festival et Souadou (la femme avec qui j’avais pris le contact par mail), s’écrie, lorsque je lui apprends que notre voilier est mouillé au large de la plage la Voile d’or : « Mais il fallait me le dire plus tôt, vous êtes reçus là-bas en pension complète, dès maintenant et pour toute la durée du festival. Vous organisez des projections là-bas, la moindre des choses est de vous prendre en charge, non ? ».
C’est effectivement une bonne philosophie, mais tout le monde ne fonctionne pas comme cela et nous apprécions beaucoup l’accueil reçu par le Media Centre ; nous ne pouvons regretter d’être partis précipitamment des Canaries ! A l’hôtel-restaurant la Voile d’or, on nous attribue en effet un chalet avec douche, internet et tous nos repas sont pris en charge, si on avait imaginé un truc pareil ! Yann et moi on en profite pour faire une petite pause à terre, quitter le bateau et les équipiers pour quelques jours, ça fait du bien après une semaine passée en mer, même si on a du mal à dormir les premières nuits, nous qui avions bien pris l’habitude du mouvement d’Evaloa !

Notre arrivée à Dakar se résume pour beaucoup à de la paperasserie ! Yann passe ses trois premiers jours dans différents bureaux douaniers, il nous faut un passavant pour le voilier, on nous livre une autorisation de 15 jours d’abord, que nous devons prolonger ensuite pour six mois ; à chaque bureau des demandes différentes, des tonnes de photocopies, certains exigent de l’argent, et on a du mal à savoir si c’est pour les taxes douanières ou du bakchich, pas facile !
Moi, je passe tous les jours au Media Centre pour organiser les projections et ce n’est pas toujours facile non plus ! Tout d’abord, on nous propose deux lieux de projections : la plage la Voile d’or donc, et l’île de Gorée. Nous rêvons une séance à Gorée, mais la demande ayant été faite tardivement, nous attendons toujours la réponse. Nous sommes dans le programme, avec deux projections prévues à Gorée, alors qu’il n’est même pas sûr que l’on puisse y aller ! Ensuite, pour les films que l’on va diffuser, on m’a gentiment proposé de les visionner au préalable (rien que pour vérifier d’éventuels problèmes techniques, et il y en a). Tous les jours je dois aller chercher les copies, mais il me manque toujours des films qui me font revenir le lendemain ! Le festival est commencé depuis hier et il nous manque toujours deux films de Sembène Ousmane ! Hier par exemple, on m’a donné le film « Guelwaar », une mauvaise version en divix, sous-titré en anglais ! L’homme qui devait apporter les films n’est jamais venu et le Media Centre a dû trouver une autre solution : les acheter sur le marché. Vous imaginez bien que nous ne pouvons pas projeter les œuvres de Sembène Ousmane dans ces conditions, alors on attend toujours une bonne copie du film…
Comme vous le voyez, il y a un certain fouillis dans l’organisation, tout est fait à la dernière minute alors, ça passe ou ça casse ! Mais, en parallèle, on trouve un côté positif à ce genre de fonctionnement car du coup, tout est possible ! J’ai proposé de modifier un peu notre programmation en choisissant d’autres courts métrages de la compétition que je trouvais plus pertinents et cela n’a posé aucun problème. Il m’a également suffit de deux rapides coups de téléphone pour accueillir une réalisatrice et les acteurs d’un film pour nos futures séances. Enfin, je ne m’emballe pas non plus, comme ils disent tous : « Je viendrais oui, Inch’ Allah » alors je vais les écouter : on verra.
Le point positif aussi, c’est la rencontre de jeunes dakarois qui rappent et à qui l’on a proposé de chanter avant la séance. Mélanger musique et cinéma sénégalais, ça ne peux être que sympa ! En espérant que le public soit présent ; on a un peu peur avec le lieu la Voile d’or : la plage est privée et se trouve dans un quartier chic de Dakar, qui diffère des autres lieux de projections du festival, plus populaires. L’équipe du festival ne sera même pas présente pour nos projections car ils vont tous à Ziguinchor en Casamance. Pour la dixième édition, en hommage à Sembène Ousmane, le Media Centre a étendu pour la première fois le lieu du festival, et organise beaucoup de choses à Ziguinchor, notamment l’ouverture et la clôture du festival. Conséquence : tous les médias et réalisateurs se rendent là-bas, pour ma plus grande frustration, cela nous donne l’impression d’être les exclus qui restent à Dakar (mais c’était un choix de notre part de rester à la capitale, c’est trop rapide pour nous, avec les papiers…, de nous rendre maintenant en Casamance).

Voilà quelques impressions en vrac de notre arrivée et de ce qui nous attend pour le festival, c’est sûrement un peu confu mais il est difficile de bien ranger ses idées lorsqu’on a la tête dans le guidon !

A bientôt pour la suite des évènements…

PS : pour plus d’infos sur le festival, vous pouvez visiter le site : www.filmdequartier .org

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Las Palmas – Dakar en 6 jours et demi

Récit de la traversée par le capitaine :

Départ de Las Palmas aux Grandes Canaries un peu précipité. Suite aux nouvelles du festival de Dakar, nous n’avons plus que 10 jours pour partir. Il faut donc y aller aujourd’hui (mardi 02 décembre) mais les derniers renseignements météorologiques  de ponton avec un voilier rentrant nous fait bien comprendre que le mieux à faire est de retourner se coucher et d’attendre 3 jours. Haï, je n’ai encore jamais fait de nave de plus de 7 jours et encore moins de partir par gros temps annoncé ! Il arrive ce que je ne souhaitais pas : être pris par le temps.
Une réunion de bord s’impose entre le bon plan du festival et le mauvais de la nave. Oui, non, non, oui, et puis aller merde, s’il fait pas beau maintenant, au moins, il fera beau après ! On remballe nos stress, on réfléchit plus et on y va. Evaloa prend la passe de sortie plein sud, sud-est. Mince, on a oublié de payer la nuit dernière, bon, de toute façon, on repassera bien un jour.
Nous voilà partis, vu la houle de 3-4 mètres, la possibilité de faire demi tour ne se pose même pas. Pendant 3 jours, nous avons enchaîné les surfs à 8-9 nœuds par quart de 4 heures, 2 par 2. Mettre le pilote n’a pas été possible à cause de quelques traîtres vagues qui s’amusaient à coucher le bateau.  Nous avons pour la première fois bien remplie le cockpit d’Evaloa (imaginez-vous une baignoire d’eau qui vous tombe dessus)! Au début, c’est plutôt stressant et au final, assez drôle. Heureusement, l’eau est chaude et la combinaison de quart étanche.

Séchage du bateau et préparation de la moustiquaire : diverses activités lorsque c'est calme en mer...

La découverte d'un globicéphale noir !

La mer est montée pendant deux jours puis l’apogée atteint, nous attaquons une redescente des plus tranquilles (en fait, c’est comme l’inverse d’une drogue : le plus dur, c’est la montée et le meilleur, c’est la redescente !). Les 4 derniers jours furent donc beaucoup plus calmes, malgré deux réveils au près très serré, qui a immergé le liston tribord d’Evaloa, pas très étanche… Conséquence : après les vagues qui nous avaient bien trempées les premiers jours, c’est à l’intérieur du bateau que l’eau rentre : dans mon filet et dans l’équipée de Benj, Pauline et Maina ont la chance d’avoir leurs affaires côté bâbord !
En tout cas, on a enfin pu remettre lolotte (le pilote automatique, remplaçant du barreur) et la mer n’a fait que se calmer, et heureusement donc, car le taux d’humidité général du bateau  avait atteint son apogée (il reste encore pas mal de petites prises d’eau) ! Nous avons donc fini notre nave en séchoir flottant, au rythme des apéros, de la musique, des discussions, des dauphins, des globicéphales noirs et des poissons volants.

Couchés avec une lueur au large et réveillés face à Dakar, nous avons contourné le cap puis l’ile de Gorée, toujours à 5 nœuds. Derrière Gorée arrive notre premier pétole, à 2 milles d’un magnifique mouillage (face à une plage de rêve remplie de cocotiers) où Evaloa pose son ancre le mardi 09 décembre, à 13h. Nous pensons mouiller devant le yacht club de Dakar, le CVD mais élément étrange, nous ne sommes que trois voiliers, puis deux puis les seuls. Nous découvrons finalement que le yacht club est derrière la baie, et beaucoup moins accueillant : une cinquantaine de voiliers dans un mouillage crasseux, près d’une plage-déchetterie.
Notre mouillage se trouve en fait devant la plage la Voile d’or, hé oui, à l’endroit même où l’on doit organiser les projections de films, que le hasard fait bien les choses !!

La suite très très bientôt…

Notre mouillage à la Voile d'or (derrière Evaloa, c'est l'île de Gorée)

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Hésitations, réflexions, hésitations… au final, changement de programme : fini les Canaries, on part pour le Sénégal !!

San Andres, le village des ratatons, près de Santa-Cruz de Tenerife, la plage de San Andres et notre mouillage en face, joli mais très houleux, c’est pour cela qu’Evaloa est le seul voilier au fond à droite de la photo !

Oubliez de nouveau la dernière phrase de mon ancien message, rien ne s’est passé comme prévu ! Je devrais pourtant le savoir, déjà dans la vie, c’est un peu comme cela, mais en voyage, et spécialement en bateau, la dose d’imprévu est multipliée par XXXXX !?!
Tentons de résumer un peu tout ça… Donc, nous en étions arrivés à Santa-Cruz de Tenerife, avions prévu d’y rester une journée, le temps du ravitaillement, puis de filer vers l’ouest, avec pour objectif l’île de La Palma, pour rejoindre les ratatons…

Mais c’est quoi ça « les ratatons » ? Un couple que l’on voulait rencontrer depuis longtemps, d’abord découverts sur internet, puis sur la route par l’intermédiaire de potes à eux devenus les nôtres (dont Brian rencontré à Essaouira).

 

Claire et Jérôme ont comme nous un bateau-spectacle ! Ils ont monté un dossier défi-jeunes il y a deux ans et avaient le projet d’aller au Sénégal jouer leur spectacle de rue dans des villages reculés du Sine-Saloum (cf www.ratatons.com). Entre-temps, ils ont fait un bébé, et se sont arrêtés le temps d’une longue pause aux îles Canaries.

 

Noémie

On pensait donc qu’ils se trouvaient à La Palma, mais avant de quitter Santa-Cruz, je vais sur ma boîte email et j’ai un message de Claire : ils sont à Santa-Cruz !! Forcément, y’a changement de programme, et de nouveau, nous restons plus longtemps que prévu. On les invite d’abord à manger au bateau, puis après plusieurs tergiversations sur « on part », « on part pas », « mais au fait, on part où ??! », nous décidons de nous poser pour réfléchir et pour les aider deux jours sur leur voilier en carénage. On quitte le port pour se mettre au mouillage en face d’où habitent provisoirement les ratatons et l’idée, c’est de leur donner un bon coup de main pour les motiver au plus vite à nous rejoindre au Sénégal (leur projet pour le Sine-Saloum, organisé avec Voiles-sans-frontières, tient toujours pour le début de l’année prochaine) ! Le séjour à Tenerife s’est transformé en mini chantier pour les uns, et pour les autres, moi en l’occurrence, en nounou de la gentille petite Noémie, fille des ratatons !

Voilà notre premier élément perturbateur (positif bien sûr, superbe rencontre et riches échanges qui ne demandent qu’à se retrouver !) de cette semaine, le deuxième est ce fameux festival de cinéma à Dakar. Histoire assez folle difficile à expliquer de façon claire et concise… accrochez-vous :
Mon premier contact était Oumar N’Diaye, directeur artistique du festival du film de Dakar, on s’était entendu avant notre départ pour participer à cette manifestation se déroulant du 02 au 06 décembre. Entre-temps, plus de nouvelles de lui, nous n’étions pas trop dans les temps… MAIS (il y a toujours un mais) en écrivant à l’alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, j’apprends qu’un festival de film africain va avoir lieu au mois de décembre en Casamance et à Dakar, du 15 au 21, en hommage à Sembene Ousmane. Là je ne comprends plus rien, je me dis que les dates du festival ont été décalées, qu’Oumar N’Diaye ne m’a pas prévenu, car cela ressemble étrangement au festival auquel nous devions participer initialement. Troublée, je passe un petit temps pour faire des recherches sur internet et j’apprends qu’il existe deux festivals, aux appellations assez proches et prévues pour le même mois de décembre, de quoi « risquer de brouiller les repères des festivaliers », tu m’étonnes !
L’explication, je pense l’avoir trouvé en lisant un article sur internet : mon premier contact, Oumar N’Diaye, était le directeur du festival du film de quartier (celui du 15 au 21), et après une querelle avec ses collaborateurs, a quitté son poste et a monté un autre festival : le festival du film de Dakar, dont la 1ere édition aura lieu au début du mois de décembre. De mon côté, je pensais donc avoir à faire au directeur artistique de l’ancien festival ce qui n’était pas le cas, et il ne m’avait pas précisé son changement de poste !
J’ai donc écrit au festival du film de quartier (grand évènement culturel national sur le cinéma africain qui fête sa 10ème édition cette année) expliquant notre projet et notre proposition de participer à leur manifestation en organisant des projections de films sur les rives autour de Dakar, et dès le lendemain, on a leur réponse : ils sont conquis ! En deux jours, nous avions changé de collaborateurs, nous allons maintenant travailler avec le media centre de Dakar, l’une des structures audiovisuelles les plus importantes de Dakar.
Ils nous proposent de diffuser les films programmés pour le festival, dont ceux de l’illustre cinéaste sénégalais Sembene Ousmane, ils nous trouvent différents lieux de projections autour de Dakar tels que l’île de Gorée, de Ngor et la plage Voile d’or (en prévenant eux-mêmes les autorités concernées), bref tout cela s’annonce bien. La petite goutte qui a fait pencher le vase du côté du Sénégal, c’est la possibilité de retrouver une équipe de Thalassa en Casamance. Ils sont là-bas au mois de décembre, et peut-être vont-ils faire un crochet pour faire un petit reportage sur nous, mais ne nous emballons pas, les démarches sont en cours et n’aboutiront peut-être pas…

Voilà toutes les raisons qui nous ont fait cogiter ces derniers jours. Nous aurions aimé passer encore un peu de temps aux îles Canaries, pour découvrir les îles de l’ouest, plus désertiques, naviguer avec notre nouvelle flottille – les ratatons à bord de Créach et Brian à bord de Timshel – mais voilà, nous sommes heureux de mettre en avant le projet, et les potes, on les retrouvera au Sénégal dans l’hiver !
Nous sommes partis de Tenerife mercredi soir dernier pour Las Palmas, capitale des Grandes Canaries ; et oui, nous nous sommes dit que la meilleure façon de visiter les îles Canaries est de séjourner dans toutes ses capitales ! Je rigole bien-sûr, c’était pour retrouver Marcus, qui a pour Evaloa une hélice qui devrait booster un peu notre vieux moteur… Nous pensons partir demain matin, souhaitant arriver autour du 10 décembre à Dakar et ayant environ 8 jours de navigation, nous ne devons pas traîner (en plus, la météo n’annonce pas trop de vent, nous pourrions donc nous retrouver plus d’une semaine en mer).
Vous pouvez ainsi vous imaginez qu’en ce moment, à bord d’Evaloa, ça ne chôme pas, fini les vacances ! Avant-hier matin, Yann est monté en haut du mât, et l’après-midi, il est plongé sous la coque, pour changer l’hélice, programme chargé ! Y’a aussi quelques petits travaux à faire sur le voilier avant la traversée, coudre les moustiquaires, préparer des bons petits mets pour la future longue navigation (hoummos, soupe, pains…)… Quelques chaudes soirées avec nos amis que l’on va bientôt quitter, et au revoir les Canaries !

Allez, maintenant je dois vous dire : rendez-vous pour le prochain message au Sénégal !!! Olala ça fait un peu drôle de se dire ça, heureusement qu’on a 8 jours en mer pour réaliser que ça y’est, après 3 mois de voyage, on arrive en Afrique !

Publié dans 03- Maroc / Canaries | Laisser un commentaire

Le côté noir des Canaries, conséquence du tourisme…

Le port de Rubicon

Ce n’est pas pour la beauté du lieu, mais pour vous donner une idée d’une plage aux alentours

Après avoir quitté avec quelques hésitations notre belle petite île de Graciosa, nous nous sommes rendus à Rubicon, à la pointe sud de Lanzarote, et là, changement de décor ! Nous mouillons juste devant la marina Rubicon et lorsque nous découvrons le port, ça nous fait tout drôle. On se croirait à Walt Disney, mais nous ne sommes pas dans un parc d’attraction mais bien un parc de consommation. Le port est une ville reconstituée, tout a été détruit pour faire une marina neuve, privée, sans âme, à l’image de notre beau monde capitaliste. Tout est fait pour inciter à la consommation, le port n’est qu’une succession de magasins, centres commerciaux et restaurants. Des amis au port nous racontent que bons nombres de choses sont interdites ici, comme par exemple d’étendre son linge sur le bateau, ça fait mauvais genre. Au mouillage sans rien payer, nous ne sommes donc pas les bienvenus ! Nous n’avons pas le droit de laisser notre annexe au ponton, auquel cas nous devons payer, et je n’ai même pas eu le droit d’utiliser la laverie (qui est payante), ne faisant pas partie du port ! Bref, on est un peu dégoutés d’être face à ce qui s’annonce comme notre future proche (plusieurs ports en France se construisent dans ce sens) et nous préférons quitter ce lieu au plus vite.
Mais comme à chaque fois quelque chose ralentit notre départ, nous rencontrons Marcus, ingénieur en mécanique qui a un magnifique vieux gréement Lugger nommé « Veracity ». Nous préférons donc rester une journée de plus pour qu’il jette un œil au moteur. Il donnera quelques astuces à Yann, il faudrait démonter le système hydraulique du moteur pour changer les joints ou autres qui seraient trop usés… Une autre solution s’offre cependant à nous : changer l’hélice pour gagner en vitesse et il se trouve justement que Marcus a deux modèles d’hélice sur son bateau ! On devrait le retrouver sur l’île de La Palma, si une des hélices est à la taille, un petit chantier s’imposera avant de quitter les Canaries…

Coucher de soleil au mouillage de Rubicon, "Evaloa" à gauche, au milieu le catamaran "Ulysse" de nos amis français Marie, Johan et leurs enfants, et "Veracity" à droite, le voilier anglais de Marcus

Le soir, on fait une petite soirée au catamaran de Johan, Marie, et leurs enfants Léa et Noé, en compagnie de Marcus, on se couche bien tard ce qui nous démotive pour le départ au matin… Ce n’est pas plus mal car le lendemain, Marcus loue une voiture avec son amie Jess, et nous en profitons pour faire un petit tour avec eux, découvrir l’île sous une autre image que la marina Rubicon. Lanzarote est nommée « la perle noire », nous comprenons pourquoi : les roches volcaniques sont noires et le paysage y est très aride, la vue de ce paysage montagneux apporte tout de même des sensations étonnantes.

Arrivée à Tenerife

Nous sommes partis avant-hier matin de Rubicon, pour une journée et une nuit de navigation avec les alizés maintenant bien établis (même si on doit souvent faire face à des accélérations brutales de vent qui sévissent entre les îles), une mer avec peu de vagues, l’allure de travers n’est pas forcément la plus agréable (les vagues étant elles aussi de travers, certaines nous arrivent dans le cockpit) mais Evaloa avance bien, et nous arrivons en début d’après-midi (hier) au port de Santa Cruz. Nous restons une journée pour le ravitaillement : réserve d’eau, lessive, et surtout, grosses courses pour avoir quelques réserves à bord, vidées depuis le Maroc !
Nous repartons ce soir pour l’autre côté de Tenerife, à un mouillage abrité – on l’espère – à la pointe ouest, pour visiter un peu l’île avant de nous rendre à La Palma.

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Graciosa, on s’en souviendra !

Le port et la plage de Graciosa

En relisant les dernières phrases du précédent message écrit à la va-vite, je rigole bien ! « Nous allons trouver un autre mouillage, là où cela nous chantera… », oui oui bien-sûr, c’est surtout qu’on n’a pas vraiment eu le choix !
Lundi matin, notre « magnifique mouillage » s’est transformé en mouillage non-abrité voir dangereux : le vent a tourné sud-est (même avec les alizés des Canaries, on arrive à avoir du vent du sud, la météo décidemment, c’est vraiement pas ça…) et est monté en crescendo jusqu’à 45 nœuds. Notre ancre était bien crochée mais jusqu’à quand ? Et puis le roulis des vagues faisait tanguer le bateau, nous nous faisions trop remuer pour rester là. Cependant, petit problème : nous avons eu la bonne idée de mouiller juste devant les rochers et que – ceux qui nous suivent régulièrement doivent maintenant l’avoir bien compris – nous ne pouvons faire confiance en notre moteur qui ne remonte pas à plus de 30 nœuds de vent !
Analysons donc calmement la situation : le moteur pourra à peine nous aider à remonter l’ancre, il faudra ensuite partir à la voile, mais voilà, le vent dans le nez, nous avons peur de ne pas assez remonter au vent et de finir dans les rochers. Finalement, Benjamains tente de remonter l’ancre : impossible ; cela devient encore plus dangereux car si nous prenons du temps à remonter l’ancre, le risque de riper sera plus important, et celui de se retrouver dans les cailloux deviendra bien réel !!
Pendant nos questionnements, tous les voiliers autour de nous ont quitté le mouillage pour un autre en face plus abrité, nous voilà tout seul dans cette galère ! Pas tout à fait en réalité, nous communiquons par la VHF avec un ami sur un catamaran, et nous découvrons avec plaisir la solidarité du monde de la voile. Plusieurs bateaux se passent le mot, expliquent ce qu’ils nous arrivent et discutent entre eux pour trouver la solution la plus adéquate : « Avec nos voiliers, il est risqué d’aller les remorquer, et nos moteurs ne suffiront pas » ; « Si j’étais à leur place, je ne resterais pas là-bas, le plus sécurisé est qu’ils laissent leur mouillage et partent à la voile et au moteur. » Ah ça fait drôle d’entendre que l’on parle du bateau bleu aux voiles bleues qui est en galère, ça n’arrive pas qu’aux autres !
Leurs avis nous font réfléchir, et les nôtres bien-sûr (cela sert dans ce cas d’être à plusieurs), nous pensons que le plus sage est de laisser notre mouillage (en lâchant la chaine tenue à l’ancre tout en l’ayant amarrée à une bouée pour venir la rechercher ensuite), de cette façon nous ne chasserons pas et pourrons remonter rapidement au vent et sortir des cailloux. Après avoir installé la bouée au bout de la chaine, nous tentons tout de même une dernière fois de relever l’ancre et si le voilier chasse avant qu’elle soit remontée, nous lâcherons la chaîne. Nous nous y attelons à deux avec Benjamains, trouvant une bonne technique, on réussit tant bien que mal à la remonter. Instant exténuant, les vagues rentrent par l’avant, Benjamains qui doit bien se relever pour tirer l’ancre me donne l’impression qu’il va finir à l’eau mais bien accrochés, nous résistons : « 30m ! 25m !… 15m… Elle est décrochée !! (Quel plaisir de voir sortir cette ancre hors de l’eau, j’en aurais bien versée une petite larme).

La douche en pleine mer!

Pendant ce temps, la grande voile montée au préalable était prête à être bordée et un bout du génois à être sorti, Evaloa remonte en fait bien au près (il faut avoir confiance en son bateau !) et nous sort du danger. Nous naviguons une petite demi-heure sous 30-40 nœuds de vent avec de grosses rafales, déjà mouillés par le hissage d’ancre, les embruns nous achèvent, nous terminons trempé, Benjamains de la tête au pied (il a du retourner à l’avant préparer le nouveau mouillage).

Plus de peur que de mal, au final tout se termine bien, avec en plus la satisfaction d’avoir bien réagi, d’être restés sereins, même si l’idée que le voyage puisse s’arrêter brusquement ici nous était passée par la tête… Nous réalisons à quel point la vie en bateau peut nous amener à vivre des moments intenses qui passent du tout au tout : la veille nous relevions le côté idyllique de la vie en voilier, après avoir passé une journée ensoleillée à faire de la plongée, nagé avec ces magnifiques poissons de la réserve naturelle de Graciosa, et vogué de voilier en voilier pour de nouvelles rencontres, et le lendemain, changement de décor ! Mais l’un ne va pas sans l’autre, dans nos moments de détente, nous passons beaucoup de temps à discuter entre nous 4, ce qui est très utile dans les moments tel que celui-là, et partager nos expériences avec d’autres voiliers permet parfois de sortir de certaines galères, ou en tout cas de se sentir soutenu.

Cession plongée devant le bateau, notre mouillage près des cailloux paraît ici plus idyllique que dangereux !

J’espère que vos yeux ne fatiguent pas, les anecdotes ne sont pas finies !
Mardi, nous décidons de passer une journée au port de Graciosa, qui n’est pas cher du tout, avant de reprendre la mer le lendemain. A peine amarrés nous faisons la connaissance de nos nouveaux voisins, et un autre gars s’arrête en annexe discuter avec nous : « c’est quoi comme voilier ? Un aloa 34, c’est ce que je me disais, c’est le même que le mien ! ». En fait nous l’avions croisé à Essaouira mais il était parti trop vite pour que nous ayons le temps de lui parler, que le monde est petit ! Yann voulait absolument le recroiser pour lui demander des conseils sur le moteur. Ni une ni deux, nous sommes invités sur l’aloa 34 de Joël, en compagnie du capitaine André, un pêcheur que Joël a embarqué de Lanzarote jusqu’ici (André est originaire de Graciosa).

Le tout fier capitaine André !

Concentrée dans mon boulot !

Joël, capitaine de l’aloa 34

Le moteur n’est pas le même que le notre (on y arrivera jamais !) mais en revanche, ils nous proposent d’aller pêcher. Seuls les locaux ont droit de pêcher sur l’île mais vu que le capitaine André est à bord : « no problemo ! ». Nous ne sommes pas bon pêcheurs à bord d’Evaloa, mais là, nous avons fait une pêche incroyable, en quelques heures, ça n’a pas arrêté ! Je me suis mise à la canne à pêche – jamais je ne le fais car je ne suis pas très patiente – et ça mordait tout le temps, je n’ai même pas compté combien j’ai eu de poissons mais je pense une dizaine, dont deux en une prise ! Au total : 38 poissons (je crois qu’on ne devrait même pas le dire, et pourtant, le capitaine André s’en est vanté auprès de tous les habitants de Graciosa !).

Une partie du festin

Il fallait bien fêter ça : apéro sur l’aloa de Joël avant de cuisiner notre pêche, on est nombreux à bord car deux bateau-stoppeurs nous ont rejoint pour discuter de la possibilité d’embarquer avec Joël jusqu’aux Antilles. Le capitaine André veut s’occuper de tout et s’apprête à cuisiner les poissons : (en espagnol avec un fort accent) « donnez-moi de l’eau ». Personne ne se demande pourquoi il veut de l’eau, on cherche une bouteille en vain puis on la lui fait passer. Pendant ce temps, André faisait chauffer de l’huile dans une poêle et il n’a rien trouvé de mieux que de mettre de l’eau dedans ! Je pense que tout un chacun connaît la réaction chimique que ce geste induit : une énorme flamme sort de la poêle, le temps que Joël tente de l’étouffer avec un pull (très bon réflexe !), la flamme s’est étendue sur le plafond de la cuisine, qui est… en plastique ! Scénario catastrophe, les souvenirs du feu dans la cuisine du bateau me reviennent (cf message du 13 août au tout début du journal de bord intitulé : comment se servir d’un extincteur ?), me trouvant de l’autre côté de la cuisine, je crie à Yann : « vas fermer le gaz ! » (l’histoire veut que, incroyable mais vrai, une odeur de gaz dans le bateau a amené Yann une demi-heure avant à vérifier l’arrivée de gaz). Yann va l’éteindre, d’autres sortent du bateau – une fumée bien toxique imprégnant toute la pièce – pendant que Joël tente de faire marcher l’extincteur (j’aurais dû lui faire un cours !). Quelqu’un d’autre crie : « Il faut jeter de l’eau » (oui maintenant que le gaz est éteint) et Benjamains se jette sur la marmite posée dehors, la seule chose qui ressemble à un seau dans le cockpit, et le feu finit par s’éteindre. Le pauvre Joël – sa cuisine est noire et fondue – et ne parlons pas de l’état du capitaine André qui ne se remet pas de ce qu’il a fait, lui qui était tout fier de ses poissons ! Il passera la soirée à rabâcher que ce n’est pas possible, qu’il fait ça chez lui sans soucis, et qu’il devait y avoir de l’essence dans la bouteille d’eau (c’est ce qu’arrive à traduire Maina de son accent espagnol à couper au couteau) ! Nous finissons la cuisson des poissons dans l’autre aloa 34, le notre, et la soirée se termine en musique, avec un tas de choses à se raconter, et des émotions à partager !

Café sur la plage

Je ne sais pas si on les cherche ou si c’est le voyage en voilier qui amène à vivre tout cela, mais en ce moment, l’équipage « Aux cinéphiles de l’eau » vit des sensations fortes !
Toutes ces péripéties nous ont amené à passer une semaine à Graciosa (ce qui ne nous a pas déplu, cette île est toute petite, très tranquille à l’abri des touristes) nous partons demain pour la baie de Rubicon entre Lanzarote et Fuerteventura, et là, je vais m’abstenir d’en dire plus car je n’ai aucune idée de ce qu’il va nous attendre là-bas, Inc’h Allah !

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Aux Iles Canaries

Nous avons finalement quitté Essaouira mardi après-midi, étant arrivés le 04 octobre à Mohammedia, nous sommes restés un mois jour pour jour au Maroc !
Nous sommes partis sous un beau soleil – un petit peu nostalgiques de reprendre la mer, notre passage au Maroc nous ayant apporté de riches rencontres et réflexions – mais sous la totale pétole ! Nous avons passé la nuit au large d’Essaouira, chacun a pû prendre le temps de dire au revoir à cette belle ville ! Mais le vent a repris dès le lendemain, et s’est mis a souffler jusqu’à force 6, vent portant. Avec une moyenne de six nœuds, nous sommes vite arrivés sur Graciosa, jeudi vers 20h, un petit peu trop tard pour arriver de jour. Dommage d’une part pour le beau paysage (ça changeait d’ambiance, les montagnes ayant de ce fait un côté plus angoissant que magnifique) mais aussi pour l’entrée au port, petite passe peu éclairée, le vent de face et à contre courant, notre vieux moteur n’arrivait pas à remonter au vent ! (en fait, c’était de nouveau un problème hydraulique, pas assez d’huile dans la pompe). Heureusement, les yeux de félin du capitaine ont aperçu un mouillage un peu plus loin, qui nous a évité cette entrée difficile. De plus, c’est tout à fait ce que nous cherchions, un joli mouillage à côté de la plage, au milieu des montagnes.
Nous allons passer deux ou trois jours à Graciosa, puis repartir pour une belle journée de navigation près des côtes, pour trouver un autre magnifique mouillage, là où cela nous chantera, la belle vie quoi !
A bientôt, pour un message plus détaillé avec des photos (au moins ça vous change, habituellement c’est la page complète!!)

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Toujours à Essaouira

Ça souffle sur Essaouira ! Et l’équipe « Aux cinéphiles de l’eau » se repose, attend le beau temps, patiemment,…
Nous pensions qu’une fois arrivés dans le sud, nous oublierons ce que sait avoir froid. Et bien non, nous remettons les petits pulls, pour une petite semaine supplémentaire à Essaouira. Depuis jeudi, le vent souffle très fort, hier il a tourné et la houle est rentrée dans le port. Heureusement Evaloa est assez abritée, à couple entre deux bateaux, mais ça tire dur sur les amarres, heureusement que Yann a doublé celle de l’arrière, car en revenant du concert hier soir, on s’est rendu compte que l’une d’elle avait lâché. On nous avait également dit qu’au Maroc, il pleuvait rarement, et bien nous vivons notre troisième journée de grosse pluie depuis un petit mois que nous sommes là ! C’est pour ne pas oublier la Bretagne ! Mais on ne va pas faire comme tout le monde et se plaindre du temps ! Nous sommes heureux de ne pas être en mer en ce moment, cela retarde notre départ d’une semaine, et alors ? C’est cela aussi la vie en bateau, il faut faire en fonction de la météo. Un dicton marocain nous dit « Un homme pressé est déjà mort », écoutons-le, prenons notre temps !

Paco Ibanez

On ne peut regretter d’être restés à Essaouira (alors que d’autres voiliers ont préféré aller à Agadir pour ensuite se rendre aux Canaries), car nous assistons à un superbe festival de musique andalouse, entièrement gratuit, en novembre, la chance ! Les groupes sont tous des pointures : Paco Ibanez pour commencer, puis Marina Heredia, une référence en flamenco. Le contexte était assez décalant : nous étions sous un chapiteau qui manquait de s’envoler, faisant un boucan du tonnerre, avec par-dessus cela le bruit de grosses averses. Tout le monde était assis avec ses gros manteaux, les groupes venant  d’Espagne avaient froid… alors qu’ils se produisaient pourtant sur une scène marocaine ! Mais au final nous avons assisté à un superbe moment de flamenco, presque aussi intense que dans le film « Vengo ».

Au souk avec Ibrahim, on a fait nos réserves d'épices!

Sur le chemin entre le village Ida Ou Gourd et la maison familiale d'Ibrahim

Dans la cuisine, pendant la cuisson du pain

Jeudi dernier, nous avons eu la bonne idée de partir le temps d’une journée, nous évader de la ville. Je me suis rendue compte à quel point la campagne m’était chère, quel grand bol d’air ! Excursion à Ida Ou Gourd, à 25 km d’Essaouira, pour visiter le souk berbère, mais aussi pour se détendre, et se promener (juste un peu parce qu’avec le vent qu’il faisait, il était quelque peu difficile de marcher avec la poussière). Comme à notre habitude, nous n’avons pas mis de temps à faire des rencontres : Jeff, un français qui voyage au Maroc depuis 10 ans et son ami Ibrahim, qui travaille au souk des poissons à Essaouira, originaire de Ida Ou Gourd. Ibrahim nous a gentiment proposé d’aller voir sa famille. Nous avons fait un kilomètre à pied dans un paysage magnifique pour arriver dans une maison berbère en pleine campagne, entourée de quelques champs cultivés. La maison est simple mais semble très agréable à vivre, on entre par la grange avec une vache et deux anes, puis on arrive dans une cour centrale entourée de pièces indépendantes (cuisine, salon, chambres). Nous n’avons pu rester très longtemps (nous ne voulions pas manquer le dernier bus ou taxi), malgré l’insistance d’Ibrahim pour que l’on reste dormir là-bas, dommage, nous aurions bien passé plus de temps dans cette famille qui semblait vivre paisiblement, en quasi-autarcie, avec des enfants bien énergiques et souriants, ça fait plaisir, on n’a besoin de peu de choses pour avoir la joie de vivre.

Mohammed et Djamila qui font la pause !

Comme vous le voyez, notre attente « forcée » à Essaouira ne nous laisse même pas le temps de nous ennuyer !
Allez, la prochaine nouvelle, c’est le départ pour les Canaries (lundi on espère, comme on repousse tout le temps la date prévue, je devrais peut-être me taire…).

Pauline

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