Joyeux noël : pour nous, il se fera sur la route

Bonjour à tous,

Nous sommes arrivés en Mauritanie, 3 pays traversés depuis le dernier message, pas mal, nous avançons enfin ! Bon, pas assez pour passer noël sur Evaloa, demain nous serons à Saint-Louis, au Sénégal donc, mais au nord !

Nous avons quitté Grau du Roi et notre nouveau bateau Dominao le 08 décembre, et nous sommes partis en Renault express jusqu’au sud de l’Espagne, où l’on a rejoint notre compagnon de route et vendeur de voiture Stéphane, 6 jours plus tard. Juste le temps pour nous de découvrir l’Andalousie. Rapide certes, mais très chouette. On est passés par la montagne en longeant la côte, le paysage était splendide, nous en avons profité pour faire de courtes mais bonnes pauses en plein milieu de rien (ou de tout selon la convenance). Autonomes, dormant dans la voiture, un gaz pour cuisiner, c’est comme ça qu’on s’offre des vacances pas chères ! D’autant que Stéphane vendant notre voiture au Sénégal, il nous défraie toute l’essence, les visas, assurance… en gros tout ce qui concerne la voiture.

Après avoir fait halte à Grenada, Ojen (petit village de montagne) puis Tarifa, la ville de surfers, on a rejoint Stéphane à Algeciras pour prendre le ferry. On a trouvé de bonnes promotions mais le ferry qui devait partir le samedi soir a été annulé, on a donc dormi devant les barrières d’entrée au port d’embarquement et on a quitté l’Espagne le lendemain matin.

A peine débarqués sur la terre marocaine, nous reprenons la route pour Rabat, mais on s’arrête un peu partout, Stéphane tentant de vendre des pièces de mécanique. On avance donc doucement et n’arrivons que le soir à la capitale, trop tard pour les visas, il faut attendre le lendemain (vous comprenez comment à chaque fois on prend du retard sur notre planning, y’a toujours un truc qui fait que… on n’est pas à l’heure !). Depuis peu il est impossible de prendre le visa mauritanien à la frontière, nous sommes obligés de passer par l’ambassade de Mauritanie au Maroc pour les obtenir (ou à Paris mais c’est plus cher). Conséquence : c’est le bazar ! Des gens pas au courant se retrouvent à faire demi tour à la frontière pour reparcourir plus de 1000km pour retourner à Rabat ! Et à Rabat, nous sommes très nombreux à demander des visas, on a dormi devant l’ambassade avec plusieurs autres véhicules.

Paysage du nord-Maroc – en bas à gauche : Steph et Yann à Tiznit

Nous sommes restés une semaine au Maroc, dont 4 jours à Tiznit pour refaire la carrosserie de l’express. Une semaine, ce n’est rien, heureusement nous connaissions un peu le Maroc depuis notre passage l’an dernier, nous avons fait en speed ce que l’on avait apprécié la fois d’avant : Tajine, Hamam, couscous, promenade dans le souk, quelques achats… et c’est reparti !

Paysages du sud-Maroc pris de la voiture

Nous sommes arrivés à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie 5 minutes avant la fermeture, quelle chance ! Nous avons pu dormir à Nouadhibou plutôt qu’à la frontière, c’est toujours mieux. Arrivés de nuit, repartis au matin, je n’ai jamais été dans une ville si peu de temps. Oui, nous pourrons dire « Nouadhibou, nous y sommes allés » mais c’est tout, on aura traversé la grande rue et dormis à l’auberge chez Momo, quelle visite !

Heureusement, on a pu en profiter toute la journée suivante grâce au paysage parcouru : 500km de Nouadhibou à Nouakchott dans un paysage désertique, c’était époustouflant, très difficile à décrire, et ça tombe bien car pendant que Yann était au volant, je prenais des photos ! Vous pouvez donc partager avec nous ce rare moment :

Ça ressemble un peu à la neige finalement, on n’est pas en si gros décalage avec la France ?? J’arrête de vous faire rager, mais il est vrai qu’il est difficile pour nous d’imaginer que l’hiver est arrivé, nous sommes pourtant entrés en Mauritanie le 21 décembre !

Pour ne pas être trop frustrés de notre passage express en Mauritanie (quel beau jeu de mot…), nous avons décidé de passer une journée supplémentaire à Nouakchott, de toute façon on ne pouvait plus se rendre en Casamance pour noël, alors un jour de plus ou de moins, on n’est plus à ça prêt !

Nous avons visité la ville, surtout le grand marché, sous une chaleur accablante je n’en rajoute pas (il faut qu’on reprenne les habitudes locales et ne pas sortir à midi !). Pour le coucher de soleil, nous sommes partis au port de pêche acheter du poisson et voir arriver les pirogues. Et demain, nous reprenons la route pour le Sénégal. On devrait arriver à Saint-Louis demain soir, puis prochaine étape Dakar, la Gambie à traverser avant d’arriver enfin en Casamance, nous avons encore un peu de route… On devrait arriver dans une petite semaine.

En tout cas, nous profitons du voyage et nous n’avons même pas eu de problème de voiture (la plus grosse panne de l’express pour l’instant a eu lieu au départ, à Saint Brieuc !). Moi dans l’histoire j’ai le bon rôle, Yann conduit et je profite du paysage, je prends des photos et y’a de quoi faire, un petit échantillon :

Le désert mauritanien et l’arrivée à Nouakchott, quel accueil !

Voilà, ils ne nous restent plus qu’à vous souhaiter un joyeux noël à tous, qui sera bien différent du nôtre !

A bientôt en Casamance,

Pauline et Yann

Publié dans 06- Retour au Sénégal en voiture | Laisser un commentaire

Sur la route… en France !

Nous sommes bien partis de Bretagne quelques jours après notre dernier message, pourtant nous sommes toujours en France ! Nous avons fait plusieurs arrêts : Mayenne, Nantes (retrouver Stéphane pour quelques réparations de la voiture), Bordeaux chez la sœur de Yann, en Ariège chez mon frère, et maintenant en Méditerranée sur notre nouveau bateau. Nous avons passé une semaine à bord de « Dominao » (le bateau s’appelait Transfer, ça ne nous convenait pas trop), pour réaliser un peu qu’il sera bientôt notre nouveau logis, on en a même profité pour faire un peu de peinture à l’intérieur. .

Nous avons également rencontré des gens intéressés par le spectacle-bateau. Nous avons tout d’abord reçu Margot et Pascal à bord de Dominao (nos premiers invités !), un couple de Marseille qu’on a rencontré par le biais d’internet. Ils sont venus nous voir pour parler de leur projet : Margot a monté la compagnie « Chamboul’tout », elle fait du cirque de « rue et de mer » et aimerait monter un numéro de trapèze sur un bateau l’été prochain (vous pouvez visiter son site www.ciechamboultout.com).
Nous sommes également allés à Sète rencontrer La Muse d’Ô (www.lamusedo.com), ça faisait longtemps qu’on voulait voir ce gros chantier : une goélette de 25m transformée en bateau-scène pour accueillir des spectacles sur le pont. Bref, nous n’avons pas mis de temps à rencontrer des gens motivés, ça donne des idées pour la suite…

On rejoint Stéphane du côté de Tanger au Maroc en fin de semaine, lui part de Nantes mercredi et prendra le ferry au sud ouest de l’Espagne. Nous prendrons le ferry normalement mercredi à Barcelone, nous arriverons donc si tout va bien jeudi prochain au Maroc, on avance petit à petit ! On espère être arrivés en Casamance pour Noël mais rien n’est sûr, on va devoir passer quelques jours à Rabat pour obtenir nos visas pour la Mauritanie puis quelques jours à Tiznit pour faire des travaux de carrosserie sur notre voiture.
On essaiera d’envoyer un petit mot du Maroc, si on capte la wifi.

On vous laisse découvrir notre nouveau bateau,
A bientôt
Pauline et Yann

Publié dans 05 - Retour en France 2009 | Laisser un commentaire

Des nouvelles fraiches, enfin !

Quel retour ! Lorsque l’on décide de revenir en France, on sait quand on arrive, mais l’on ne sait pas quand on repart : « On reste pour l’été, on repart fin septembre, heu, plutôt mi-octobre… Allez, on part demain ! Oui, OK,… plutôt après-demain ? C’est comme cela que deux mois plus tard, ils étaient toujours là…

On traîne pour retourner au Sénégal, on profite de la Bretagne, plus précisément du Trégor, des potes, de la famille… On a traîné, traîné… et du coup on a un peu changé de projet ! Figurez-vous que Yann et moi avons racheté un bateau ! Un ketch en acier de 12m50, une superbe occaz, un bateau tout équipé, près à naviguer, il est actuellement du côté de Montpellier. Alors voilà, on a trouvé le financement en attendant de vendre Evaloa, on s’est laissés pousser des ailes, s’imaginer dans un plus grand bateau, plus confort, et c’est parti pour une nouvelle aventure !!
Résultat : on redescend comme prévu en voiture – avec Stéphane, un gars de Nantes qui va revendre les voitures une fois arrivées au Sénégal  – pour retrouver Evaloa au bolon de Niomoune en Casamance. Nous resterons quelques mois en Casamance, pour faire les petits travaux d’entretien du bateau, réparer notre moteur hydraulique, mais aussi continuer le projet « Aux cinéphiles de l’eau » en organisant de nouvelles séances de films africains dans les villages. Puis nous prendrons la direction du Cap Vert, quand précisément ? Inch’ Allah… On projette de revenir en Méditerranée avec Evaloa l’été prochain, en passant donc par le Cap Vert, les îles Canaries et Madère, on retrouvera notre nouveau bateau et on vendra Evaloa en France (si ce n’est pas déjà fait, on met des annonces dès maintenant, d’ailleurs, ça vous intéresse pas vous, un joli petit bateau tout équipé qui vous attend pour voyager ??).
Nous changeons donc un peu nos plans car à la base, nous devions continuer avec Evaloa vers le Brésil. Mais un retour vers chez nous nous a permis de prendre du recul, d’analyser notre voyage et de réfléchir sur nos envies. Nous avons partagé notre expérience (notamment avec l’exposition-photos à Pontrieux, la soirée cinéma africain à l’écluse de Grenoux en Mayenne avec l’association Atmosphères 53 – voir notre dossier de presse), échanger avec les amis, la famille et tout ceux qui nous ont suivis sur le site. On est très fiers et très heureux d’avoir mené à bien notre projet en Casamance, la réussite de notre voyage est passée par celle de notre projet. On a apprécié ne pas arriver en simple touriste, on a débarqué avec quelque chose à échanger, un échange humain et non financier. Tout ça nous a fait comprendre que si l’on voulait continuer le voyage, ce serait de cette façon là, avec un projet, quelque chose à porter.
Ainsi revenir au Sénégal pour repartir direct au Brésil nous semblait un peu précipité, on ne connaît pas cet autre continent, où aller ? Pourquoi ? On préfère faire un nouveau break l’été prochain, renflouer la caisse de bord et repartir sur un nouveau projet. Nouveau projet ne veut pas dire sans le bateau-cinéma mais une autre destination donc d’autres recherches, d’autres idées… Yann est toujours motivé pour monter un spectacle sur bateau à plusieurs, un passage en Méditerranée permettra nous l’espérons de faire des rencontres dans ce sens.

Si cela ne change pas entre temps (ce qui est fort possible nous connaissant), nous partons d’ici quelques jours pour le Sénégal (avec un petit détour par Montpellier pour régler les dernières démarches pour l’achat du bateau) pour revenir l’été prochain. Nous avons bien entamé le montage de notre futur documentaire sur notre projet. On espère le finir cet hiver pour pouvoir le diffuser aussi largement que possible à notre retour (avis aux amateurs, associations, bars, lieux culturels, salle de cinéma, toutes personnes intéressées pour diffuser notre petit film l’année prochaine…).

Nous avons bien l’intention de relancer notre journal de bord, pour vous tenir au courant de notre retour en Casamance, et de la suite de notre projet…
Alors à bientôt au prochain message, sur la route cette fois !!

Bises de Pauline et Yann

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les vacances en France et l’exposition-photos à Pontrieux

Bonjour à tous,

Nous nous permettons de mettre ce titre car au niveau de la mise à jour de notre site, nous sommes en ce moment en vacances… Mais c’est pourtant parce qu’on trouve milles autres occupations Yann et moi pendant notre séjour en France.

J’espère qu’on va arranger ça très vite mais pour l’instant, nous vous laissons avec une simple info : l’exposition-photos « Aux cinéphiles de l’eau » sera installée à l’office de tourisme de Pontrieux à partir du 23 septembre jusqu’au 10 octobre (à la maison de la Tour Eiffel dans le centre ville). Nous serons présents le vendredi 02 octobre de 18h à 20h pour commenter les photos et échanger avec ceux qui le souhaitent sur notre voyage.

A bientôt

Pauline et Yann

PS : pour plus d’infos, vous pouvez nous contacter par mail ou par téléphone au 06 79 95 92 49

Publié dans 05 - Retour en France 2009 | Laisser un commentaire

première exposition « Aux cinéphiles de l’eau » à Saint Brieuc

Bonjour à tous,

Me voilà rentrée en France depuis le début du mois, pendant que Yann remonte par la mer, à bord du voilier Kaneka. En attendant son arrivée pour organiser dans le Trégor des soirées/expo-photos autour de notre voyage (aux alentours de Pontrieux, là où nous avons monté notre projet bateau-cinéma), j’ai lancé notre exposition-photos lors du festival mondial de la terre à Saint Brieuc samedi dernier. Le Résia (Réseau de Solidarité Internationale des Côtes d’Armor), partenaire de la manifestation, nous avait proposé de participer à cette journée avec notre expo-photos, cette structure ayant appuyé notre dossier Défi jeunes lors de sa préparation, nous ne pouvions refuser cette proposition ! Je n’ai donc pas eu beaucoup de temps pour préparer l’exposition (car j’ai tout de même profité de mon retour en France pour revoir famille et amis !), heureusement je l’avais déjà bien commencé lors de notre dernier long séjour à Ziguinchor avant de partir.
La journée était sympa, nous n’avons pas vu beaucoup de monde (c’est seulement la deuxième édition à Saint Brieuc du festival mondial de la terre et le parc des promenades n’est pas un lieu très fréquenté par les briochins, hormis les punks avec leurs chiens…) mais j’ai eu de très bons échos du projet et des photos, ça fait plaisir.

EXTRAITS PHOTOGRAPHIQUES DE L’EXPO (cliquez dessus pour les agrandir) :

Aurais-tu imaginé Yann que tu serais toi-même le visiteur de notre site, comique non ?

Prochaine exposition : dimanche 28 juin, à Pléneuf Val André, à l’occasion du marché africain organisé par l’association Niantjila, de 10h à 18h, à la salle Guémadeuc.

Et pour ceux qui comme nous, vouliez acheter le Loisirs nautiques du mois de juillet pour lire notre article, et bien vous serez déçus car le magasine nous a enlevé au dernier moment, notre article ne sera publié qu’au mois d’août, désolé.

Avis aux mayennais : l’exposition « Aux cinéphiles de l’eau » sera ensuite installée à l’Agitato à Mayenne pour tout le mois de juillet ; un temps fort avec rencontre… sera organisé, la date n’est pas encore fixée, je vous tiens au courant.

A bientôt,
Pauline, et Yann à distance

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Déjà le départ


Notre dernier bounouk à Niomoune : après un long séjour à Ziguinchor, nous étions heureux de retourner à la source !

 

Décidemment ici on ne voit pas le temps passé, notre séjour en Casamance touche à sa fin !!
Je passe mon dernier jour à Ziguinchor et demain, cap sur Dakar puis sur la France, j’arrive à Nantes mardi midi !! Yann partira lui sur le voilier Kaneka avec Stéphane dans une semaine environ (on l’espère !) direction Cap Vert, puis les Açores, et enfin la Bretagne ! Arrivée prévue… fin juillet peut-être, Inch Allah !!

Notre dernier mois a ressemblé à une période de transition, on avait déjà un pied sur le chemin du retour… entre prévoir un compte rendu du projet, avec expositions photos,… préparer Evaloa à passer l’hivernage seul à Niomoune (heureusement nos amis Alfred et Adrien prendront bien soin de notre maison jusqu’à notre retour), et pour les gars, préparer Kaneka et leur traversée d’un mois et demi, il y avait de quoi faire. Nous avons rajouté par là-dessus l’organisation de l’arrivée de la régate Dakar-Ziguinchor !! Notre bateau-cinéma, habitué à s’ancrer dans les villages pour projeter des films africains, s’est vu le temps d’une soirée (heureusement pas plus) transformé en son et lumière au restaurant très huppé du Kadiandoumagne, pour accueillir la régate organisée par le Cercle de Voile de Dakar et la mairie de Ziguinchor. Il faut bien avouer que l’on a fait cela par intérêt, que je tente de vous expliquer brièvement :
Les voiliers ne peuvent officiellement pas rester plus de six mois sur les eaux sénégalaises, pourtant il existe comme nous de nombreux bateaux souhaitant rester pour une période plus longue. Problème donc, nous nous retrouvons dans l’illégalité et risquons une grosse amende si les douanes nous contrôlent. Depuis les élections en avril dernier, la ville de Ziguinchor s’est vue attribuée un nouveau maire, Monsieur Baldé, bras droit du président Wade. Monsieur Baldé ayant l’intention de développer la plaisance en Casamance, il a décidé d’organiser une régate Dakar-Ziguinchor dans laquelle tout participant gagnera une prolongation de six mois pour rester au Sénégal. Nous étions donc fortement intéressés pour participer à cette régate, mais nous ne pouvions nous rendre à Dakar pour le 21 mai. Nous avons donc proposé nos services, en organisant l’accueil des bateaux à Ziguinchor le samedi 23 mai. En compagnie des voiliers la Belle Verte, No Panic et H2O, nous avons filmé et pris des photos de la régate que nous avons retransmis sur grand écran le soir de l’arrivée. Bref, on n’était pas forcément fiers de participer au grand déploiement de fast de la nouvelle mairie, mais au moins, on a eu nos papiers, c’est ce qu’on retiendra ! (les photos de la soirée sont restées dans l’appareil photo donc ce sera pour une prochaine fois)

Nous sommes ensuite tranquillement descendus sur Niomoune, pour hiverner le bateau. Tranquillement n’est pas une façon de parler… Notre moteur allant de plus en plus mal (on fait maintenant du 1 nœud de moyenne sur mer plate, nous allons racheter en France le petit moteur hydraulique défaillant qui est censé résoudre notre problème), nous avons du tirer des bords dans le fleuve et poser l’ancre dès que les courants étaient trop forts ; résultat : 3 jours pour faire Ziguinchor-Niomoune, lorsque les autres voiliers mettent 1 jours et demi, et une pirogue 5 heures ! Seuls deux jours nous restaient pour ranger le bateau et dire au revoir à Niomoune, c’était plutôt court mais en même temps, ce ne sont pas les moments les plus agréables donc c’est mieux comme cela. Nous sommes contents de rentrer en France revoir famille et amis, et nous serons également heureux de retrouver Niomoune en octobre, tout va bien !!

Nous tenterons de vous tenir au courant de nos différentes soirées et/ou expositions-photos prévues cet été !
A bientôt en vrai pour certains, sur internet pour les autres !
Bises de Yann et Pauline

Publié dans 04 - Dakar / Casamance | Laisser un commentaire

Dernières projections à Niomoune

Nous sommes de passage à Ziguinchor, mais comme souvent, un peu dans le speed… Du coup je n’ai pas pris le temps d’écrire nos dernières aventures, il faudra attendre un peu… Voici tout de même des photos de nos dernières projections à Niomoune.

Projection au quartier d'Ouback, la foule que vous voyez en haut à droite ne représente pas le quart des gens présents ce soir là, il y avait foule...

Projection organisée samedi après-midi à destination du collège. On trouve toujours de petits curieux qui n'osent rentrer mais qui tentent de voir le film de l'extérieur !

Projection de Kirikou à la bibliothèque au quartier d'Elou lundi après-midi : photo en haut à gauche au début de la projection et celle-ci à la fin !

Petite explication de la séance à la bibliothèque : problème de communication avec l’école (je n’avais pu les prévenir de l’organisation de la projection pour les enfants avant le matin même car les instits étaient en grève toute la semaine passée), l’après-midi de la projection, les instits avaient prévu que les classes de CE et CM récupèrent de la terre pour la construction d’une maison au quartier d’Ouback. Cela se fait souvent lors des après-midis libres des enfants, ils font quelques travaux pour le village, cela finance le fond de l’école. Les élèves étaient bien sûr déçus de ne pouvoir assister à la séance mais nous ne pouvions la reporter puisque nous partions le lendemain. Nous avons reculé l’heure de la projection comme on a pu mais nous avons du commencé à diffuser Kirikou avant la fin de leur travaux. Ils sont donc arrivés en masse en pleine séance, ont rempli la salle en un rien de temps, c’était assez incroyable ! On a cru mourir tellement la chaleur était intenable, et on réfléchira à l’avenir à organiser des projections en intérieur en pleine après-midi sous ce cagnard.

 

 

 

Publié dans 04 - Dakar / Casamance | Laisser un commentaire

La vie en Casamance

Vive la Casamance !! Pour une fois qu’on est tous les 2 en photos sur Evaloa, nous voulons vous le faire partager (merci Agnes et la belle verte) !!

Bonjour tout le monde,

Tout d’abord, je dois m’excuser pour ce retard excessif… C’est très dur, depuis que nous séjournons en Casamance, de garder un minimum de rigueur dans la parution de ce journal. Nous préférons séjourner dans les villages plutôt que de faire notre programme en fonction de notre connexion internet, il faut nous comprendre ! Je vous ai d’abord habitué à des nouvelles quotidiennes alors là, ça assure moins… Mais c’est que, parallèlement, notre voyage est plus riche !
Je ne vais pas m’éterniser sur ces excuses et vais plutôt tenter de rattraper le retard, ça va être très long de vous résumer tout ça ! Que de villages encore visités, de projections organisées, de rencontres au fil des bolons, de petites anecdotes à raconter, va falloir trier tout ça et faire des coupes, allez, courage, je m’y mets !

 

Coucher de soleil sur Affiniam

Après notre séjour un peu trop long à Ziguinchor (c’est d’ailleurs pour ça qu’on n’a pas été pressé d’y retourner et qu’on a mis internet de côté), nous avons laissé nos amis de Goélane à leurs derniers préparatifs de traversée et nous sommes partis à Affiniam, le plus grand village que l’on est fait jusqu’à présent, en dehors de Zig bien sûr. D’emblée, l’organisation est un peu plus délicate car nous ne pouvons rester très longtemps : nous arrivons un dimanche – le jour des élections municipales – et devons repartir le vendredi suivant car nous sommes attendus pour le festival de Carabane. Donc pas de week-end pour organiser la projection de film tout public, ce que nous préférons habituellement par rapport à la disponibilité des gens, surtout de la jeunesse.

 

Les écoliers accourent à la projection

Essais avant la projection

Le lundi matin nous rendons visite au directeur de l’école et convenons d’une séance pour les enfants l’après-midi même. Au moins avec les écoles, l’organisation est d’une extrême simplicité, les instits préviennent les classes deux heures avant et tous les élèves sont de la partie. Après le déplacement du matériel du bateau jusqu’au village (une demi-heure de marche sous le cagnard du début d’après-midi, faut vraiment être motivés – voir fous de s’activer sous cette chaleur – heureusement que les amis et des jeunes étaient venus nous aider pour porter les « bagos »), nous faisons salle comble au foyer des jeunes, belle satisfaction suite à une organisation à la va vite.

 

l'un de nos records d'affluence

Un public attentif et réactif

Avec Paulin, le président de la jeunesse, nous convenons d’une projection pour le village le mercredi soir et pour le collège le jeudi après-midi, programme chargé ! Trop certainement car je me décourage, face à la grandeur du village, à entamer un travail de communication : conséquence évidente, les gens ne sont pas informés de la projection du soir. Paulin a beau me dire que ça va fonctionner grâce au bouche à oreille, on est à Affiniam dans une configuration différente, le village est espacé de plusieurs quartiers qui s’étendent sur des kilomètres. J’avoue, vu le peu de temps que nous restions dans le coin, avoir préféré aller me balader avec les filles (Agnès avec qui je peux enfin passer du temps après mon séjour au Burkina, Zoé sa pote rencontrée sur le chemin et Olivia, une bateau-stoppeuse), visiter un autre village nommé Botemp, et découvrant la magnifique flore d’Affiniam : d’immenses baobabs et fromagers un peu partout… Yann était resté au bateau passer du temps, en musique, avec Adeline et Laurent, avant qu’ils retournent en France.

Nous ne pouvons regretter ces choix mais parallèlement, nous devons subir notre plus gros échec d’influence le mercredi soir : une vingtaine de personnes, les boules ! Bon d’un côté, ce sont des choses qui arrivent et de l’autre, les échos positifs du film projeté Madame Brouette ont rattrapé le coup. Peu de gens étaient présents, mais le film les a conquis, ils étaient très réceptifs à l’histoire, on a même eu l’une des plus touchantes réactions d’un ancien, je ne pourrais retranscrire les mots qu’il a employé, mais la satisfaction que j’ai éprouvé face à son éloge restera gravé dans ma mémoire.

 

Projection pour le collège

Nous nous sommes bien rattrapés le lendemain avec la projection pour le collège, où les élèves sont venus en masse. Mais l’organisation laissait vraiment à désirer. En rencontrant les responsables du collège et selon leur demande, nous avions convenu de projeter des courts métrages sur le thème du sida, animés par les profs, puis un film de Sembène Ousmane. Et bien aucun prof en question n’était présent pour organiser le débat, je me suis retrouvée seule avec le micro face à plus de 200 collégiens ! Je me demandais bien ce que je faisais là à leur parler du sida sans être moi-même médecin ni assez informée pour répondre à des questions précises. Au final, j’ai davantage expliqué le contenu des films et fait un monologue car personne n’osait poser de questions.

Conclusion : il faut avoir du temps ! Nous partions d’une bonne volonté de faire profiter à un maximum de villages notre cinéma itinérant  mais au détriment d’une certaine rigueur d’organisation donc d’impact. Nous nous en rendrons compte en retournant à Niomoune, il est sûrement plus efficace de réaliser un travail de fond avec un village, en restant plus longtemps et en organisant plus de projections.

 

Promenade entre filles avec Zoé, Agnès et Olivia

Avec les 3 filles et notre nouveau compagnon de route « la belle verte » – nous avons rencontré à Ziguinchor Blandine et Stéphane avec qui l’on a tout de suite bien sympathisé, des potes aux ratatons… un petit monde la voile ! -, cap sur Carabane. Vu le nombre de milles à parcourir, nous mettons deux jours à nous y rendre et découvrons à nouveau un mouillage peu confortable. Tant pis, il faudra faire avec car nous ne manquerons pas ce festival où nous sommes attendus, enfin… Rappelez vous, lors de notre arrivée en Casamance en janvier, nous avions séjourné à Carabane quelques jours et en partant, on nous avait invité à revenir pour leur festival avec notre cinéma. Depuis, nous avions gardé contact avec Lamine, l’instit et Michel, le président des jeunes, qui comptaient sur notre présence.

 

Après le mouillage inconfortable devant la plage à touristes, nous avons posé l’ancre de l’autre côté du village, plus à l’abri et plus nature

la lutte traditionnelle, photo prise par Agnes

Arrivés à Carabane, l’organisation est déjà plus flou : c’est surtout un festival de musique, pas vraiment de place accordée au cinéma. On s’en rend davantage compte lors de l’installation du matériel et de notre rencontre avec l’équipe du festival : en fait les organisateurs sont beaucoup de jeunes originaires de Carabane mais habitant à Ziguinchor, qui n’ont eu ouï dire de la présence d’un cinéma au festival. « Comme vous arrivez à la dernière minute, on va essayer de vous trouver un petit créneau, entre chaque concert ». Ok, donc ils ont l’intention que l’on éteigne et rallume notre groupe électrogène toutes les heures pour 5 min de films pendant la pause entre les concerts, genre on passe une pub pour faire patienter le public… Au final, même cette pauvre place, nous ne l’aurons pas, c’est complètement impossible d’un point de vue organisation, on perdrait trop de temps sur les concerts si on incérerait des films entre les deux, d’autant qu’un nombre incalculable de groupes est présent. La politesse sénégalaise veut que l’on ne dise jamais non, et le festival se retrouve déborder par la programmation musicale. Ils décideront de faire passer tout le monde – plus le choix – mais seulement deux morceaux chacun ! Aussi frustrant pour le groupe que pour le public, bravo la politesse !

 

Projection pour les enfants

Seule projection le 1er soir du festival

En ce qui concerne le cinéma, le festival n’était pas prêt à nous recevoir. Certes Lamine voyait l’intérêt d’un tel outil mais pas les jeunes organisateurs qui préféraient passer des clips vidéos de mauvaises qualités avec un son pourave plutôt que de diffuser des films africains… Ce fut une grande frustration car nous n’avons même pas peu essayé ! J’aurais préféré que les projections fassent un gros bide plutôt qu’il n’y en ait pas, car du coup, on ne sait pas si cela aurait marché ou non. On a simplement réussi à passer un doc musical le premier soir du festival avant que les concerts commencent et deux matins, nous avons diffusé des dessins animés pour les enfants au foyer. Nous pourrions nous en contenter mais cela n’a rien à voir avec la collaboration prévue… Dur dur de travailler avec les associations locales, les regards extérieurs nous interpellent parfois : « il faut travailler avec les structures sénégalaises… », pourtant, en vue de nos expériences (entre le festival de Dakar et celui-ci) on a été plus efficace en se débrouillant tout seul ! Il faut nous adapter à l’organisation africaine (ou justement rien n’est organisé, tout se fait sur le tas, les choses ne sont pas exposées clairement…) et ce n’est vraiment pas évident par rapport à notre culture, comme le dit très justement Zoé : « Ici, il faut tout désapprendre ».
Bon, cela restera une expérience intéressante !

Nous ne tardons pas après le festival car nous souhaitons retrouver Goélane à Niomoune avant leur départ pour la Guyane. Nous retrouvons Niomoune avec plaisir mais quittons Katell, Julien, Youna et Maël avec tristesse… Nous avons sorti le grand jeu pour leur départ : galettes et cidre bio s’il vous plait ! Ça sert d’avoir des cales un peu planquées dans le bateau, on arrive à faire de bonnes réserves…  Petits cadeaux de départ – dont un jeu de tarot en souvenir de nos longues soirées carte – et c’est déjà les adieux. Bonne route Goélane, que les bons vents soient avec vous, et les bonnes énergies, on vous retrouve en face !!

 

Agnès (et Blandine derrière) qui découvre avec joie les traditions animistes (les sauts un peu partout, c’est du bounouk, le vin de palme, naturellement…)

Projection au quartier d'Elou

Notre planning est toujours aussi chargé : nous sommes de nouveau attendus, à Kouba maintenant, petit village bien reculé des îles Karônes. Juste le temps d’organiser une projection au quartier d’Elou avec l’aide de Jean-Simon, d’assister encore et toujours aux fameuses cérémonies niomounoises (cette fois ce sont des fiançailles sans les fiancés), de fêter les 30 ans de Sylvain – un autre pote voileux – au campement d’Alfred où l’on a tué un cochon pour l’occasion (que les gars ont été eux même cherché à Kandié, un village en brousse pas loin de Niomoune accessible en pirogue), de dire au revoir à Agnes et, et… juste ça quoi !

 

Encore un succès, personne n’a voulu bouger de sa place à la fin du film, ils en voulaient encore !

Kouba, comment résumer… l’histoire d’une rencontre avec Camille. Ce parisien, contacté d’abord par internet par une amie d’une amie, nous avait rendu visite en Bretagne et nous avait invité à Kouba, le village dont son fils « adoptif » est originaire (tu vois Camille, je résume comme je peux…).

 

Notre mouillage perdu au milieu des mangroves

La place de la concession Sembou où nous sommes accueillis à Kouba

Ce village est bien planqué dans les bolons au nord du fleuve Casamance, on nous avait dit qu’on ne pourrait pas y accéder avec notre voilier mais Emmanuel, piroguier à Kouba, est venu nous chercher, nous a guidé et nous avons posé l’ancre à 10 min en annexe du village. A peine arrivés, on nous propose d’organiser une projection le soir même. On est dimanche et le lendemain, tous les jeunes venus pour les vacances vont quitter Kouba, il faut profiter de leur présence. C’est un peu dur de choisir un film pour un village qu’on ne connaît pas et pour un public qui n’a jamais été au cinéma. Solution facile : nous choisirons Kirikou, puisque cette séance est censée être destinée aux jeunes, de toute façon ce film plaît aux plus petits comme aux plus grands.

1ere projection à Kouba

2ème projection à Kouba, il faisait très sombre ce soir là

Les 3/4 du village était présent, toutes les femmes sont cachées à droite de la photo

 

Tout le monde n’a pu être prévenu à temps, heureusement nous organisons une autre projection dans la semaine. Pour la deuxième séance, je tire la leçon d’Affiniam (mais c’est plus facile ici le village est tout petit !), je traverse le village avec une jeune pour prévenir de la séance. Heureux constat, les femmes se déplacent en masse, la place est pleine et je pense qu’on les a bien bousculés en leur montrant la vie quotidienne africaine sur grand écran. On a choisi de passer Mossane, car le film se passe au Sénégal, dans le Saloum, une région qui ressemble à la Casamance. L’histoire traite du mariage forcé, certainement toujours d’actualité au Sénégal (ils te disent tous : « Oui, mais pas chez nous ! »), il y est souvent question de tradition, avec une forte présence musicale, un très beau film.

 

Dès six heures du matin, les femmes vont au jardin pour arroser

Petite pause au bateau le temps d’une après-midi musique

 

 

 

Nous séjournons quelques jours dans la famille d’Emmanuel et de Mathias, je ne sais pas si c’est parce que c’est Pâques ou c’est du à notre présence – sûrement un mélange des deux – mais nous mangeons des repas luxueux (Camille nous avait parlé de riz et poissons bouillis à tous les repas, au lieu de ça, nous mangeons de la viande, toujours accompagnés de délicieuses sauces). Nous faisons une petite pause sans le bateau et vivons avec la population locale. Ce n’est pas une pleine réussite car nous restons entre « toubabs » puisque Camille est à Kouba avec deux amis, Saïd et Anouchka, et sa mère, on ne sortira de toute façon jamais de notre position d’étranger ! Nous sympathisons avec les enfants du village qui sont très attachants, on fait visiter notre bateau à quelques uns, Yann ramène aussi son accordéon et joue beaucoup pour le plaisir de tous. Saïd est réalisateur sur Paris, il a sa caméra et nous filme dans l’action, c’est super car nous n’avons pas l’occasion d’être tous les deux à l’image. Avec ces images et les nôtres, nous aimerions bien monter un petit documentaire sur notre projet, nous vous tiendrons au courant !

Avant de retourner à notre vie sur l’eau, nous faisons un petit détour par Kafountine, où Camille a une maison, tout petit détour… : deux heures de marche dans la brousse, puis 30 min de pirogue (Kouba est une île), et enfin un taxi de Kassel jusqu’à Kafountine. Cette escale est pour nous le moyen d’un petit ravitaillement et d’une fameuse connexion internet mais là, c’est un peu la déception : la connexion est très mauvaise, je n’ai donc pu mettre à jour le journal de bord, vous voyez, ce n’est pas faute d’avoir essayé !

 

A la cérémonie : Voyez le nombre de marmites qu’il faut pour nourrir l’assemblée !

Les femmes cuisinent sous une chaleur accablante…

De retour à Niomoune, nous avons assisté à une grande cérémonie. Depuis l’existence du village (XVème siècle), seuls six cérémonies de ce type ont eu lieu. Arsène, le frère du forgeron et du grand féticheur Paul (les féticheurs sont traditionnellement forgerons et ont leur famille originaire de Guinée), s’initie lui aussi au rôle de féticheur. Pour lui apprendre tous ces secrets, de grands féticheurs venus de Guinée se sont déplacés jusqu’à Niomoune. Arsène est initié pendant une semaine, cloîtré chez lui, pendant que nous, on mange, on chante, on danse, et bien sûr, on boit du bounouk (quoi que ce coup-ci, y’a tellement de monde venu de partout – de toute la Casamance, de Gambie et de Guinée – que le vin de palme part à une vitesse qu’on n’en voit même pas la couleur). Selon les dires, 3 à 4 cochons sont tués par jour, et pas les plus petits ! Pendant une semaine, les femmes n’arrêtent pas de faire à manger, du matin au soir, pour une assemblée de plus de 200 personnes, c’est pas la fête pour tout le monde…
Pendant que je vous envoie ces lignes, la cérémonie dure toujours, moi j’ai fait une petite pause à Ziguinchor pour internet, pendant que Yann est resté bosser sur Evaloa.

Le programme pour la suite : et bien figurez vous que notre séjour se termine bientôt ! Yann a trouvé un bon plan boulot : il va convoyer un voilier de Casamance jusqu’en Bretagne, et le départ est prévu début juin. Il part avec Stéphane de la belle verte, et ils prévoient de mettre un mois et demi (c’est pas la même navigation dans le sens inverse, le vent est contraire, ils feront beaucoup de près). Du coup, on change un peu le planning : je vais moi aussi rentrer plus tôt, autour de mi-juin, en avion. Nous laissons donc Evaloa hiverner seul en Casamance jusqu’au mois d’octobre, où nous rentrerons pour préparer notre traversée de l’atlantique prévue pour le début de l’année prochaine. Et oui, si tout va bien, le voyage continue ! Nous aimerions profiter de notre passage en France pour faire un compte rendu de notre projet cinéma, par le biais notamment d’une expo-photo, nous vous informerons de tout ça grâce à notre site, que nous tenterons de remettre à jour !
Mi-mai, nous nous rendrons donc à Ehidj pour que Yann et Stéphane prépare le voilier à convoyer qui se trouve là-bas, un passage à Ziguinchor pour le ravitaillement et le départ sera très proche. D’ici là, je vous redonnerai des nouvelles, promis !!

Allez, à bientôt, et n’hésitez pas à nous envoyer des commentaires du journal, on aime toujours avoir vos réactions.
Yann et Pauline

 

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Le voyage en séparé

Depuis le dernier message, je me suis permise une petite escapade en dehors du Sénégal, pour assister au Fespaco, le grand festival de film africain qui a lieu tous les deux ans à Ouagadougou. La grande référence en matière de cinéma africain, je ne pouvais louper ça !
Un peu au dernier moment, je décide de prendre mon sac à dos et de me rendre seule en bus au Burkina. Je laisse Yann à Cachouane, ainsi qu’Agnes qui vient d’arriver en Casamance ! Nous étions à Cachouane depuis une semaine, nous avions déjà organisé une projection de film et deux autres étaient en cours, Yann les a géré seul en mon absence !

A Cachouane, nous avons eu la chance d’assister à un mariage traditionnel, merci François et Tuti !

Ce voyage aura été riche en expérience, à tous niveaux et sur différents points de vue.
Pour se rendre au Burkina, c’est le parcours du combattant ! Yann me dépose d’abord en bateau à Elinkine, d’où je prends un taxi 7 places pour aller à Ziguinchor. Je dors dans le voilier Shagshag de Solène et Antoine et repars au petit matin, toujours dans un taxi 7 places, pour Tambacounda, pas très loin de la frontière malienne. Je rencontre alors une sénégalaise nommée Awa qui me prend sous sa coupe, nous voyageons ensemble jusqu’à Bamako.

Un de nos arrêts de bus au Mali

Heureusement car le voyage en bus est assez chaotique, on s’arrête tout le temps sans savoir pourquoi, jusqu’à dormir à la gare de Kayes, alors que personne ne nous en avait informé. On s’est retrouvés à dormir dehors sur des nattes devant une télé, étant avec Awa, j’étais rassurée et plutôt en train de me marrer pendant que l’autre toubab qui voyageait dans le bus était lui complètement affolé, il a fait un scandale dans la gare pour qu’on lui trouve un taxi pour repartir. Mais entre Kayes et Bamako, les véhicules ne roulent pas de nuits, à cause « des coupeurs de routes », des gens armés qui mettent des troncs d’arbres au milieu du chemin pour stopper les véhicules et les voler. Pour rouler de nuit, il faut donc être escorté par les gendarmes ! Bref, l’anglais a bien du se calmer et est venu dormir à côté de moi, « En Afrique, il faut savoir être patient ». C’est vrai et pourtant en deux jours, j’étais rendue à Bamako, pas mal !

Karen, la journaliste, ici au marché artisanal de Bamako

Ascofaré, cinéaste malien

Je me suis posée quelques jours à la capitale malienne, le temps de faire mon visa et de rencontrer à l’auberge une journaliste danoise à la retraite, spécialisée dans le cinéma africain, se rendant évidemment au Fespaco, parfait ! Quel personnage, voyager avec elle fut quelque chose mais on a pu avoir de bonnes discussions sur le cinéma africain et surtout, elle m’a introduite à l’institut de cinéma de Bamako. J’ai notamment croisé Adama Drabo mais ma principale rencontre fut le cinéaste malien Abdoulaye Ascofaré, qui a réalisé le film Faraw, une mère des sables. Ce moment passé en sa compagnie restera dans ma mémoire, grande discussion sur le cinéma africain, il connaissait tous les films et moi je n’étais pas peu fière dans connaître les 3 quarts (même si je ne les avais pas tous vus car c’est toujours mission impossible pour visionner certains films africains, même culte). C’est un cinéaste engagé, fervent défenseur du droit d’auteur (donc par rapport à notre projet dans lequel on demande aux réalisateurs une exonération des droits de diffusion, ça collait pas trop…), on a beaucoup échangé sur la présence de la France dans l’économie du cinéma africain…
Je suis repartie de Bamako bien motivée à l’idée de rencontrer tous ces cinéastes, découvrir de nouveaux films. Bon, ça n’était pas aussi idyllique que je l’imaginais…

Pour commencer, énorme problème d’organisation du Fespaco, le 1er jour du festival, il n’avait déjà plus de passe ! Ah l’organisation africaine, même pour un festival de cette envergure, vraiment ça dénote ! Certains invités n’avaient même pas de badge, il fallait donc qu’ils payent les séances de cinéma, chose qu’ils trouvaient scandaleux, et ça se comprend !
A part ça, j’ai été bien déçu de la sélection. J’avais tout d’abord été surprise de la forte présence des films maghrébins, j’ai vite compris pourquoi, d’un point de vue qualité technique et artistique, y’a pas photos. Mais comme j’étais davantage au Fespaco pour découvrir le cinéma de l’Afrique noire, je n’ai pas trop vu de films du Maghreb. Je retiendrais Les jardins de Samira du marocain Latif Lalhou, par contre quelle surprise (pas très bonne…) en découvrant le nouveau film gros budget et holywoodien de Nabil Ayouch, Whatever Lola want, qui n’a rien à voir avec son ancien film Ali Zaoua.
Je me suis donc attachée à visionner les films d’Afrique de l’ouest et j’ai malheureusement découvert que la critique qu’on aimerait clichée du cinéma africain comme « cinéma à la calebasse », avait un penchant de vérité… La plupart des films que j’ai vu sont à la traine, toujours ancrés dans des histoires de tradition, sur un scénario qui tire en longueur avec une direction d’acteurs bof bof… Bref, décevant ! Très décevant même car j’aurais aimé croire qu’il existait un cinéma africain de qualité, en pleine expansion… Il faut pourtant s’avouer que ce n’est pas encore pour toute suite… (tout le monde ne doit pas être de mon avis mais comme je suis la seule à le donner, vous en faites ce que vous voulez !). Ils faut dire que le cinéma africain n’est pas aidé : aucun financement venant de l’état (alors qu’au Maroc par exemple, le roi injecte beaucoup d’argent dans le cinéma), plus de salle de cinéma pour distribuer les films, un cercle vicieux quoi… Certains films sortent tout de même du lot, je peux en citer un plutôt réussi, l’absence, du guinéen Mama Keita. Je dis « plutôt réussi » car le jeu de l’acteur principal fait un peu défaut, mais l’histoire est très bien construite, le film a d’ailleurs obtenu le prix du meilleur scénario. Il est tourné à Dakar et traite de l’exil, de la fuite des cerveaux africains.
Le film le plus marquant du Fespaco – et de loin – fut Teza, de l’éthiopien Haïlé Gérima, une fresque retraçant quarante ans de l’histoire éthiopienne, depuis les années 70. Teza, le seul film qui est vraiment sorti du lot, est celui qui a gagné le grand prix, appelé étalon de Yennenga.

Le Fespaco au cinéma burkina, on se croirait à Cannes, version africaine bien sûr !

En dehors des films, j’ai également pu faire de bonnes rencontres : Andrea Segre tout d’abord, documentariste italien qui réalise des films sur l’immigration clandestine entre la Lybie et l’Italie. Il nous avait envoyé un de ses documentaires, j’étais donc heureuse de pouvoir le rencontrer et lui parler de notre projet. Ses documentaires sont très politiques, il était très intéressant d’échanger avec lui sur le problème de l’immigration, et de notre impossibilité à convaincre les africains de ne pas venir chez nous… Il m’a donné quelques conseils pour organiser une éventuelle projection sur ce sujet, m’a donné un autre de ses documentaires, il viendra peut-être même nous rejoindre en Casamance pour présenter lui-même son film !
J’ai aussi rencontré l’association Africadoc qui monte des ateliers d’écriture au Sénégal et ailleurs, avec pour objectif d’aider les jeunes documentaristes africains. Cette association a été crée par un des fondateurs du festival du Film Documentaire de Lussas en Ardèche, Jean-Marie Barbe. Chaque année à la suite des ses ateliers de formation, ils organisent les « rencontres Tënk » qui réunissent les participants des ateliers qui exposent leur projet face à des responsables de télévision, des producteurs, distributeurs… Ces rencontres se passent cette année à Saint Louis en juillet, ils auraient aimé que l’on soit présents car il n’existe pas de cinéma à Saint Louis. Nous aurions donc pu diffuser les documentaires d’Africadoc mais juillet, cela fait tard pour nous qui aimerions être en France à cette époque pour quelques mois…
Par contre, j’ai rencontré Khalidou NDiaye, exploitant, distributeur et directeur du Festival de Cinéma Image et Vie qui se déroule chaque année à Dakar. Il est intéressé pour étendre le festival et organisé des projections à Ziguinchor avec notre collaboration, affaire à suivre…

Seni et Eva au grand marché

Hervé, Didi et sa mère Mimi chez eux dans un quartier de Ouaga

Comme vous le voyez, je n’ai pas chômé à Ouagadougou. En plus du Fespaco, j’ai également passé de bons moments en compagnie des amis de Marion, dont Eva chez qui je logeais. J’ai pu découvrir autre chose que le festival de film, j’ai vécu pendant une semaine dans une famille burkinabaise et la journée pendant mes pauses films, j’allais rejoindre les gars au grand marché, où Eva, Seni, Gaston… tentent de vivre tant bien que mal en vendant ce qu’ils peuvent, avec un petit stand installé sur le trottoir. Pas tous les jours faciles, ils rêvent comme la plupart de la jeunesse africaine à partir pour la France… Surtout Seni en fait, ce qui nous a valu de longues discussions… Eva, lui, vit avec sa femme Dorothée et sa fille Lauren, il ne souhaite pas vivre à l’étranger mais aimerait comme nous pouvoir voyager, normal !
Grâce à Karen, la journaliste danoise, j’ai également rencontré une famille à Ouaga chez qui j’ai passé deux nuits, je me suis tout de suite fait adoptée ! Leur plus grande fille, Didi, est devenue mon amie, je suis allée avec elle à la fac et à la danse africaine, encore de bons souvenirs, merci !

Attente à la frontière

Attente lors de la panne, au moins l’endroit était agréable !

Mon retour fut moins agréable, trop trop long… J’ai du passé une nuit à Bamako (mais j’ai eu de la chance en rencontrant dans le bus un cinéaste français habitant à Bamako avec sa femme qui m’a gentiment logé chez lui), une de nouveau à la gare de Kayes et une dernière à Tambacounda. Le trajet en bus a été interminable : longue attente à la frontière, deux pannes (roue crevée puis fuite de gazoil), tout ça sous une chaleur intenable, à trois par siège.

Paysage malien vu du bus

Le voyage était également pénible au niveau du fond : déjà, un nigérien s’est assis à côté de moi juste parce que j’étais blanche et que cela lui donné une chance de partir de l’Afrique, du coup il ne m’a pas lâché pendant deux jours ! En effet, beaucoup de nigériens et de gambiens voyageaient pour le Sénégal, dans le but de partir en pirogue clandestinement pour la France. J’avais beau discuté avec eux pour les en dissuader, je sais qu’ils le feront quand même au risque de leur vie. Ils n’avaient presque pas de bagages ni d’argent, les nigériens ont pourtant du payer 10 000 francs CFA (16 euros) à la frontière malienne, et la même somme à la frontière sénégalaise. Forcément ils trouvaient ça injuste, pendant que moi, à la frontière sénégalaise, je n’ai rien eu a payé… En plus de ça, chaque passager doit payer 1000 francs à chaque poste de police, pas les postes frontières, non, les postes de police ! Sans raison valable, les policiers demandent 1000 francs à chacun et personne ne rétorque ! Pourquoi ne m’a-t-on pas demandé cette somme ? Parce que j’aurais refusé ou parce que j’avais déjà payé un visa ? Toujours est-il que la corruption fait toujours autant de ravage et on a du mal, face à ce constat, à penser que l’Afrique va se relever, la jeunesse ne pense qu’à quitter l’Afrique pendant que les fonctionnaires, si mal payés, tentent de rattraper ça en soutirant de l’argent à la population…
Allez, je vous laisse avec le récit de Yann, comme ça on ne va pas finir ce message sur une mauvaise note !

Préparation de la séance à Cachouane

Seul sur mon bateau, un vieux rêve qui n’aura pas duré longtemps…
Dès le lendemain du départ de Pauline, je gérais la dernière séance prévue de Cachouane.
Seul comme un grand, j’ai même pris le micro pour la présentation du film (Pauline aurait été fier de moi !).
Le cinéma rangé, j’ai commencé à organiser mes chantiers prévus en l’absence de Pauline. Evidemment, à peine commencé, me voilà parti à Bouyouye avec Goélane pour un festival itinérant autour de Cap Skiring. Sur place, je retrouve Adeline avec qui j’avais fait le spectacle en bateau il y a 3 ans .Elle repartira avec moi pour une réelle free partie à Djoratou organisée pour le départ des voiliers Shagshag et Kalanag, deux couples de jeunes amis qui traversent en ce moment l’atlantique. Une bonne douzaine de bateaux se sont retrouvés sur une plage paradisiaque avec les amis des villages voisins. Dès le matin, la fête s’auto-organise, certains vont pêcher, d’autres vont chercher les récolteurs pour le bounouk, pendant que nous installons les paillasses, la cuisine, préparons le feu et le repas. Une petite dizaine de musiciens d’origines diverses, deux saxos, deux accordéons, deux guitares, le tout au rythme des chants et percus diolas. On a mis l’ambiance pendant plus de 24 heures.
La fête finie et la plage nettoyée, nous retournons à Cachouane où l’on rejoint Agnès (l’amie de Pauline), accompagnée de Zoé, une autre amie de la Varenne. Trois jours de retrouvailles festives puis nous partons pour Elinkine chercher Laurent, le copain d’Adeline, qui lui-même est arrivé avec 3 autres amis. Nous partons à 5 le lendemain pour une mini croisière festive direction la Pointe Saint George pour y observer les lamantins (gros éléphants de mer). Laurent en a profité pour découvrir la vie des récolteurs en accompagnant Julien de Goélane à la source du bounouk. Le mouillage légèrement houleux nous a déplacé dans un petit bolong voisin d’où l’on a posé l’ancre à Djiromaite, encore un village sans courant ni voitures où comme les autres, l’autonomie et l’atmosphère paisible y sont les principaux atouts.
Mouillé à couple de Goélane à 10 m d’une habituelle plage paradisiaque, l’énergie de cette petit communauté flottante m’a bien motivé à organiser une projection.
Me voila donc parti avec Lolo pour les formalités habituelles (rencontre du chef, du foyer des jeunes, ….). Sur la route nous rencontrons Iphigénie, une jeune villageoise débordante d’énergie à l’idée d’organiser une projection, chose qu’elle n’avait jamais vue. Elle nous a tout organisé avec son oncle Omar  (un pêcheur qui a domestiqué un cormoran pour la pêche) chez qui l’on a passé de très bons moments.

Projection à Djiromaite

Le lendemain, une soirée cinéma prend forme précédée d’un concert de Laurent et Adeline qui ont profité des instruments du bateau pour partager leurs talents de musiciens. Le public a payé une entrée pour rembourser les 3 litres de carburant : 50 frcsCFA  pour les grands, 25 pour les petits, un peu cher je leur ai dis mais le village est quand même venu. L’émerveillement fut général entre musique de l’Est et cinéma africain. Je n’ai pas pu refusé de refaire une projection le lendemain, gratuite celle là, grâce aux entrées de la veille qui ont payé deux séances. Un dimanche après midi dessins animés avec petits et grands suivis de Pièces d’identités, le film fraîchement projeté à Cachouane mais qui m’avait bien plus (c’est l’histoire d’un chef de village camerounais parti chercher sa fille en Belgique dont il est sans nouvelles . Pas sorti de son village depuis 58, je vous laisse imaginer ses réactions loufoques face à des banalités comme la douane, les administrations, la culture citadine… Un film drôle et touchant réalisé par le congolais Mweze Ngangura, qui a reçu l’étalon de Yennenga au Fespaco en 2005).

La projection finie, nous rangeons le matériel pour repartir au petit matin direction Djilapao, petit village toujours aussi beau où là, par contre, il n’y a pas d’école. Résultat : une petite cinquantaine de personnes âgées dispersées dans deux quartiers qui paraissent abandonnées. Seule la célèbre case à étage déplace quelques touristes. Cet endroit avec son calme absolu sert de garage à bateaux, une bonne douzaine de plaisanciers y hivernent en effet leur voilier. Pauline revient, nous ne resterons donc que deux nuits et repartons pour Ziguinchor. Goélane va également y rester quelque temps afin de préparer leur départ pour l’autre continent.

 

C’en est enfin fini pour les nouvelles d’Evaloa !
Au programme pour les semaines à venir : après un séjour à Ziguinchor toujours trop long à notre goût (cause internet, course, travaux sur bateau…) nous partirons pour Affiniam, puis on retourne à Carabane pour participer à leur festival socio-culturel qui a lieu du 30 mars au 6 avril. Entre temps, nous allons retrouver Camille, un ami de Paris rencontré en Bretagne l’année passé. Il a une maison à Kafountine mais a sa belle famille à Kouba, un tout petit village perdu dans un bolong dans les îles karones et il a bien l’intention de nous emmener là-bas… Bref, notre programme est encore bien chargé, on verra ce qu’on en fera !!

 

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Posés en Casamance…

Evaloa et son fidèle compagnon Goélane au mouillage à Niomoune

Nouvelle tâche ménagère : le brulage des ordures, ici, y’a pas de poubelles !

 

Après cinq mois d’itinérance, nous réapprenons enfin à vivre de façon un peu plus « sédentaire ». Nous avons passé environ trois semaines à Niomoune, petit village éloigné de tout (dont d’internet, comme vous pouvez le voir à l’écart de nos messages), extrêmement imprégné de sa culture animiste. Nous apprenons à vivre au rythme local, comprendre le mode de vie casamançais… mais aussi ne l’oublions pas, nous organisons des séances de cinéma, qui continuent à faire carton plein.

Youna et Maël qui s’amusent comme des fous chez Yves et Sosso à Eringa

Avec Yann, leurs parents Katell et Julien

 

 

 

 

 

 

La vie culturelle niomounoise bâtait son plein la semaine dernière ! En plus de la séance de cinéma nocturne dont je vous parlerais tout à l’heure, nous avons proposé un dessin-animé aux enfants à l’école un après-midi et organisé notre deuxième projection pour le collège sur le thème du sida.

Projection archi comble pour les enfants de l’école

 

Les femmes au fond de la salle, plus timides mais à l’écoute…

Projection sur le sida

De nouveau, beaucoup ont assisté à la séance, le trois quart du public était féminin ! Nous avons diffusé plusieurs courts-métrages écrits par des jeunes africains et réalisés par des cinéastes connus sur le thème du sida. Après chaque film, un petit débat était lancé, avec également une explication des films qui étaient en français. Le thème du sida intéresse énormément, on en parle peu à l’école et en famille, la séance était donc unique et on l’espère, déclenchera le débat sur cette maladie qui fait rage en Afrique (même si le Sénégal est loin d’être le pays le plus touché par ce fléau).

 

Entre temps, deux bateau-stoppeurs italiens ont débarqué à Niomoune avec un spectacle de cirque. Ils ont proposé à Yann deux heures avant de faire la musique et hop, en impro, c’est parti ! Au final : vendredi après-midi séance pour les enfants, vendredi soir pour tout le village, et le samedi après-midi, spectacle de cirque ! Niomoune était comblé par l’arrivée de voiliers plutôt innovants, apparemment ce n’est pas souvent, il faut en profiter !

Spectacle de cirque par Amadéo et Stephano, avec Yann à l’accordéon

Pour la séance du vendredi soir, nous avons passé « Madame Brouette ». Nous l’avions diffusé au Maroc, film qui avait fait un peu scandale à cause d’une scène d’amour, mais qui n’a posé ici aucun problème. Le sujet est très moderne et un peu délicat : les violences conjugales que subissent certaines femmes et le désir d’émancipation qui naît alors chez elles… Le film est en langue française, tourné au Sénégal, et même si certains ne parlent pas bien le français, vu la réaction du public, le message est bien passé ! Certaines femmes ont même pleuré et sont sorties bouleversées.

 

La fameuse affiche de la séance de cinéma

Le convoi du cinéma itinérant qui va de quartiers en quartiers

Petite anecdote cependant autour de cette séance : comme pour la séance précédente, nous avons demandé de l’aide aux jeunes du quartier d’Oback pour préparer la soirée, notamment pour rédiger et distribuer une affiche dans les différents quartiers de Niomoune. Je les laisse s’organiser et découvre l’affiche deux jours avant la projection. Quelle stupeur lorsque je lis l’intitulé : « ce vendredi, les blancs vous invitent à assister à leur grand cinéma à Som » ! Sur le coup, je suis bien choquée, d’autant qu’un ancien me répond : « Mais Pauline, ils ont écrit cela pour faire venir les gens, lorsque ce sont « les blancs » qui organisent quelque chose, cela donne un plus ! ». Face aux jeunes, il était en fait difficile de leur expliquer ma déception de nous voir réduits à l’appellation de « blancs », car eux le prenaient comme une faute de français et s’excusaient pour cela, et ce n’était pas l’objet de ma critique… Bref, ils n’avaient pas de mauvaises intentions en écrivant cela, c’est juste pour nous un constat un peu rude : nous restons des « blancs » qui organisent « un grand cinéma ». Sujet délicat car il est vrai, quant termes d’initiatives diverses, la majorité d’entre elles sont amenées par des ONG étrangères : à Niomoune par exemple, la construction de citernes, et de la bibliothèque. Mauvais exemple cependant car les citernes fonctionnent mal et personne n’a été formée au préalable pour les réparer. Du coup, elles pourrissent et le problème de l’accès à l’eau douce reste le même. L’effet encore plus pervers est que les niomounois ne s’investissent pas du problème, laissant « les blancs » s’occuper de tout ça. Pour la bibliothèque, le résultat n’est pas plus glorieux ; elle est désertée : 3 inscriptions en un an, dont la mienne il y a 15 jours ! Dur constat donc du travail des ONG, qui arrivent certes avec de bonnes intentions mais qui ne prennent parfois pas le temps de vivre sur place, donc de comprendre les besoins des habitants et surtout, qui n’organisent pas le suivi de ce qu’ils construisent. De nombreuses ONG viennent à Niomoune et en effet on ne voit pas que du bon. Mais ce n’est pas partout pareil et l’on découvre également d’autres initiatives plus positives réalisées par d’autres ONG en Casamance comme le développement de jardins (car cela vient d’une demande des femmes et qu’elles s’en occupent !). Je me permets cet aparté car la présence des ONG en Casamance et le rapport que cela suscite entre nous, toubab, et la population locale font l’objet de nombreuses discussions délicates qui ponctuent notre quotidien.

 

Les bouteilles sont posées ainsi pour récupérer la sève : le bounouk est donc simplement de la sève de palmier, qui fermente très vite et devient de l’alcool, incroyable découverte !

Le riz sèche sur place à Tantank à côté des rizières

Nous sommes partis une journée à Tantank, dans la brousse à côté de Niomoune, avec Anouk et ses amis Christian et Muriel du Larzac, voisins de José Bové et proches d’Anne-Marie Letort, que le monde est petit ! Nous avons battu le riz, enfin les hommes, nous entre femmes nous ramenions le riz dans des paniers, et sur la tête !

Revenons à la vie niomounoise, rythmée par la tradition : pas une semaine ne se passe sans cérémonie, sacrifice ou fête locale, c’est incroyable ! Plusieurs décès ont eu lieu pendant notre séjour, et comme je vous le précisais dans mon message précédent, la cérémonie est festive lorsqu’il s’agit d’une personne âgée, résultat : tout le monde boit du bounouk (l’alcool locale, le vin de palme). Si un sacrifice est organisé autour d’un fétiche, pour remercier par exemple les ancêtres d’une bonne récolte, de l’arrivée de la pluie… 60 litres de bounouk minimum sont amenés pour l’occasion, et sont partagés avec tous les villageois. Tout prétexte est donc bon pour boire du bounouk, que ce soit pour les femmes comme pour les hommes !
Vous l’avez bien compris, les gens de Niomoune vivent donc du bounouk (la plupart des hommes sont récolteurs, ils partent dans la brousse pour récupérer la sève des palmiers), et de la récolte du riz. Quel temps passé entre les graines dans les rizières et le riz dans l’assiette ! Nous, nous sommes arrivés juste après la récolte de riz, mais le travail n’était pas fini ! Le riz est ramassé en bouquet, qui est ensuite séché, battu puis trier.

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite au village, le riz est séché puis récupéré avec un tamis

Nous sommes partis jeudi dernier de Niomoune, accompagnés des potes du voilier Goélane, pour un village tout près : Haere. En fait, Evaloa a posé l’ancre au mouillage d’Eringa, à 30 min à pied d’Haere, au campement d’Yves et Sosso. Yves était un autre de nos contacts l’année dernière lorsque l’on préparait le projet. Nous nous étions contacté par internet, Yves nous avait donné quelques conseils sur notre projet et sur la vie locale (il est français et vit depuis plusieurs années en Casamance), nous avions donc bien envie d’aller le rencontrer chez lui !

 

Sur le chemin entre Eringa et Haere

 

Projection à l’école pour les enfants

Pause avant la projection du soir : accueillis par une famille au village, le bounouk a coulé à flot...

Avec l’aide de Michel, un jeune de Niomoune qui nous a accompagné à Haere, nous avons organisé deux projections le samedi au village : l’après-midi Kirikou pour les enfants, et le soir, nous avons projeté Sango Malo. L’instituteur avait nommé un représentant dans chaque classe pour récupérer un peu d’argent des élèves pour l’essence. Dès la fin de la projection de Kirikou, on est venu me remettre 2500 francs CFA (4 euros environ), quelle belle organisation !
Haere est un village bien plus petit que Niomoune, avec 300 à 400 habitants s’étendant sur plusieurs kilomètres, et pourtant, le public était nombreux, toujours avec beaucoup d’enfants. Ce même soir les femmes organisaient une cérémonie, encore une ! Une des femmes du village remerciait les ancêtres de la naissance de son bébé et pour se faire, elle a amené 60 litres de bounouk à la maternité. Vous y croyez ou non mais les femmes ont bu toute la soirée, sur les lits où elles ont accouché, donc dans un lieu pour nous complètement inapproprié ! La tradition animiste nous amène vraiment à vivre des moments incroyables ! On est passés à la maternité avec Katell, les femmes étaient ravies, elles nous ont bien-sûr offert le bounouk, on a dansé… inoubliable!

Sango Malo est un film qui a beaucoup parlé aux villageois. Le film se passe dans un village au Cameroun, où un nouvel instituteur vient révolutionner l’école en invitant les élèves à faire un jardin (je vous ai déjà raconté l’histoire, nous avons passé le film à Carabane), il crée aussi une coopérative, en parallèle est conté l’histoire d’un récolteur de vin de palme… Bref, tout ce que vivent les gens de Haere. Le film est en français mais a été bien compris : un ancien prend la parole à la fin de la projection pour nous remercier et déclare : « Nous n’avons pas uniquement besoin de bureaucrates, il faut également des gens qui travaillent la terre », exactement le message du film !
De nouveau nous avons été mille fois remerciés et nous espérons retourner à Haere pour faire une nouvelle séance. Passer 5 jours dans un village n’est pas suffisant, et une seule projection non plus ! Il serait en effet intéressant que l’on puisse projeter de nouveau un film avec un temps de décalage, et ça tombe bien, car nous restons six mois dans le coin !

Nous sommes arrivés depuis hier à Cachouane, un village encore plus petit, avec 250 habitants. Le village est magnifique, s’étendant tout au long du bolong. Je pense que nous allons à nouveau nous plaire ici. On va découvrir une vie locale certainement un peu différente car la tradition animiste est moins présente à Cachouane, les habitants étant en majorité musulmans ou catholiques.
Nous avons retrouvé une douarneniste, Aurélie, qui gère un campement touristique avec son mari Papis. Tous deux étaient venus à notre projection à Douarnenez juste avant notre départ et nous avaient invité à venir dans leur village, c’est chose faite !
En tout cas, on pensait qu’à Cachouane, on se rapprocherait d’internet… En effet, nous ne sommes plus qu’à 15 km du Cap Skiring, mais nous devons faire 8km à pied avant de rejoindre une route motorisée, à Djembering, d’où ensuite nous pouvons nous rendre au Cap en taxi-brousse, quelle expédition ! Vous voyez que nous sommes bien motivés pour vous donner des nouvelles ! Je ne suis pas trop pressée de faire le chemin du retour… Au moins, vous comprendrez pourquoi on ne peux pas répondre à tous vos messages.

J’en ai fini avec ce résumé de notre périple, et oui malgré la tartine que je viens d’écrire, j’ai du trier pour restreindre mon récit !

A Bientôt, Pauline et Yann

Publié dans 04 - Dakar / Casamance | Laisser un commentaire