Suite du récit : « Notre mouillage se trouve en fait devant la Voile d’or, hé oui, à l’endroit même où l’on doit organiser les projections de films, que le hasard fait bien les choses !!
Le hasard fait si bien les choses qu’une fois rendus au bureau du Media Centre de Dakar, deux jours après notre arrivée, nous sommes accueillis comme des rois par l’équipe du festival et Souadou (la femme avec qui j’avais pris le contact par mail), s’écrie, lorsque je lui apprends que notre voilier est mouillé au large de la plage la Voile d’or : « Mais il fallait me le dire plus tôt, vous êtes reçus là-bas en pension complète, dès maintenant et pour toute la durée du festival. Vous organisez des projections là-bas, la moindre des choses est de vous prendre en charge, non ? ».
C’est effectivement une bonne philosophie, mais tout le monde ne fonctionne pas comme cela et nous apprécions beaucoup l’accueil reçu par le Media Centre ; nous ne pouvons regretter d’être partis précipitamment des Canaries ! A l’hôtel-restaurant la Voile d’or, on nous attribue en effet un chalet avec douche, internet et tous nos repas sont pris en charge, si on avait imaginé un truc pareil ! Yann et moi on en profite pour faire une petite pause à terre, quitter le bateau et les équipiers pour quelques jours, ça fait du bien après une semaine passée en mer, même si on a du mal à dormir les premières nuits, nous qui avions bien pris l’habitude du mouvement d’Evaloa !
Notre arrivée à Dakar se résume pour beaucoup à de la paperasserie ! Yann passe ses trois premiers jours dans différents bureaux douaniers, il nous faut un passavant pour le voilier, on nous livre une autorisation de 15 jours d’abord, que nous devons prolonger ensuite pour six mois ; à chaque bureau des demandes différentes, des tonnes de photocopies, certains exigent de l’argent, et on a du mal à savoir si c’est pour les taxes douanières ou du bakchich, pas facile !
Moi, je passe tous les jours au Media Centre pour organiser les projections et ce n’est pas toujours facile non plus ! Tout d’abord, on nous propose deux lieux de projections : la plage la Voile d’or donc, et l’île de Gorée. Nous rêvons une séance à Gorée, mais la demande ayant été faite tardivement, nous attendons toujours la réponse. Nous sommes dans le programme, avec deux projections prévues à Gorée, alors qu’il n’est même pas sûr que l’on puisse y aller ! Ensuite, pour les films que l’on va diffuser, on m’a gentiment proposé de les visionner au préalable (rien que pour vérifier d’éventuels problèmes techniques, et il y en a). Tous les jours je dois aller chercher les copies, mais il me manque toujours des films qui me font revenir le lendemain ! Le festival est commencé depuis hier et il nous manque toujours deux films de Sembène Ousmane ! Hier par exemple, on m’a donné le film « Guelwaar », une mauvaise version en divix, sous-titré en anglais ! L’homme qui devait apporter les films n’est jamais venu et le Media Centre a dû trouver une autre solution : les acheter sur le marché. Vous imaginez bien que nous ne pouvons pas projeter les œuvres de Sembène Ousmane dans ces conditions, alors on attend toujours une bonne copie du film…
Comme vous le voyez, il y a un certain fouillis dans l’organisation, tout est fait à la dernière minute alors, ça passe ou ça casse ! Mais, en parallèle, on trouve un côté positif à ce genre de fonctionnement car du coup, tout est possible ! J’ai proposé de modifier un peu notre programmation en choisissant d’autres courts métrages de la compétition que je trouvais plus pertinents et cela n’a posé aucun problème. Il m’a également suffit de deux rapides coups de téléphone pour accueillir une réalisatrice et les acteurs d’un film pour nos futures séances. Enfin, je ne m’emballe pas non plus, comme ils disent tous : « Je viendrais oui, Inch’ Allah » alors je vais les écouter : on verra.
Le point positif aussi, c’est la rencontre de jeunes dakarois qui rappent et à qui l’on a proposé de chanter avant la séance. Mélanger musique et cinéma sénégalais, ça ne peux être que sympa ! En espérant que le public soit présent ; on a un peu peur avec le lieu la Voile d’or : la plage est privée et se trouve dans un quartier chic de Dakar, qui diffère des autres lieux de projections du festival, plus populaires. L’équipe du festival ne sera même pas présente pour nos projections car ils vont tous à Ziguinchor en Casamance. Pour la dixième édition, en hommage à Sembène Ousmane, le Media Centre a étendu pour la première fois le lieu du festival, et organise beaucoup de choses à Ziguinchor, notamment l’ouverture et la clôture du festival. Conséquence : tous les médias et réalisateurs se rendent là-bas, pour ma plus grande frustration, cela nous donne l’impression d’être les exclus qui restent à Dakar (mais c’était un choix de notre part de rester à la capitale, c’est trop rapide pour nous, avec les papiers…, de nous rendre maintenant en Casamance).
Voilà quelques impressions en vrac de notre arrivée et de ce qui nous attend pour le festival, c’est sûrement un peu confu mais il est difficile de bien ranger ses idées lorsqu’on a la tête dans le guidon !
A bientôt pour la suite des évènements…
PS : pour plus d’infos sur le festival, vous pouvez visiter le site : www.filmdequartier .org