Après avoir quitté avec quelques hésitations notre belle petite île de Graciosa, nous nous sommes rendus à Rubicon, à la pointe sud de Lanzarote, et là, changement de décor ! Nous mouillons juste devant la marina Rubicon et lorsque nous découvrons le port, ça nous fait tout drôle. On se croirait à Walt Disney, mais nous ne sommes pas dans un parc d’attraction mais bien un parc de consommation. Le port est une ville reconstituée, tout a été détruit pour faire une marina neuve, privée, sans âme, à l’image de notre beau monde capitaliste. Tout est fait pour inciter à la consommation, le port n’est qu’une succession de magasins, centres commerciaux et restaurants. Des amis au port nous racontent que bons nombres de choses sont interdites ici, comme par exemple d’étendre son linge sur le bateau, ça fait mauvais genre. Au mouillage sans rien payer, nous ne sommes donc pas les bienvenus ! Nous n’avons pas le droit de laisser notre annexe au ponton, auquel cas nous devons payer, et je n’ai même pas eu le droit d’utiliser la laverie (qui est payante), ne faisant pas partie du port ! Bref, on est un peu dégoutés d’être face à ce qui s’annonce comme notre future proche (plusieurs ports en France se construisent dans ce sens) et nous préférons quitter ce lieu au plus vite.
Mais comme à chaque fois quelque chose ralentit notre départ, nous rencontrons Marcus, ingénieur en mécanique qui a un magnifique vieux gréement Lugger nommé « Veracity ». Nous préférons donc rester une journée de plus pour qu’il jette un œil au moteur. Il donnera quelques astuces à Yann, il faudrait démonter le système hydraulique du moteur pour changer les joints ou autres qui seraient trop usés… Une autre solution s’offre cependant à nous : changer l’hélice pour gagner en vitesse et il se trouve justement que Marcus a deux modèles d’hélice sur son bateau ! On devrait le retrouver sur l’île de La Palma, si une des hélices est à la taille, un petit chantier s’imposera avant de quitter les Canaries…
Le soir, on fait une petite soirée au catamaran de Johan, Marie, et leurs enfants Léa et Noé, en compagnie de Marcus, on se couche bien tard ce qui nous démotive pour le départ au matin… Ce n’est pas plus mal car le lendemain, Marcus loue une voiture avec son amie Jess, et nous en profitons pour faire un petit tour avec eux, découvrir l’île sous une autre image que la marina Rubicon. Lanzarote est nommée « la perle noire », nous comprenons pourquoi : les roches volcaniques sont noires et le paysage y est très aride, la vue de ce paysage montagneux apporte tout de même des sensations étonnantes.
Nous sommes partis avant-hier matin de Rubicon, pour une journée et une nuit de navigation avec les alizés maintenant bien établis (même si on doit souvent faire face à des accélérations brutales de vent qui sévissent entre les îles), une mer avec peu de vagues, l’allure de travers n’est pas forcément la plus agréable (les vagues étant elles aussi de travers, certaines nous arrivent dans le cockpit) mais Evaloa avance bien, et nous arrivons en début d’après-midi (hier) au port de Santa Cruz. Nous restons une journée pour le ravitaillement : réserve d’eau, lessive, et surtout, grosses courses pour avoir quelques réserves à bord, vidées depuis le Maroc !
Nous repartons ce soir pour l’autre côté de Tenerife, à un mouillage abrité – on l’espère – à la pointe ouest, pour visiter un peu l’île avant de nous rendre à La Palma.