San Andres, le village des ratatons, près de Santa-Cruz de Tenerife, la plage de San Andres et notre mouillage en face, joli mais très houleux, c’est pour cela qu’Evaloa est le seul voilier au fond à droite de la photo !
Oubliez de nouveau la dernière phrase de mon ancien message, rien ne s’est passé comme prévu ! Je devrais pourtant le savoir, déjà dans la vie, c’est un peu comme cela, mais en voyage, et spécialement en bateau, la dose d’imprévu est multipliée par XXXXX !?!
Tentons de résumer un peu tout ça… Donc, nous en étions arrivés à Santa-Cruz de Tenerife, avions prévu d’y rester une journée, le temps du ravitaillement, puis de filer vers l’ouest, avec pour objectif l’île de La Palma, pour rejoindre les ratatons…
Mais c’est quoi ça « les ratatons » ? Un couple que l’on voulait rencontrer depuis longtemps, d’abord découverts sur internet, puis sur la route par l’intermédiaire de potes à eux devenus les nôtres (dont Brian rencontré à Essaouira).
Claire et Jérôme ont comme nous un bateau-spectacle ! Ils ont monté un dossier défi-jeunes il y a deux ans et avaient le projet d’aller au Sénégal jouer leur spectacle de rue dans des villages reculés du Sine-Saloum (cf www.ratatons.com). Entre-temps, ils ont fait un bébé, et se sont arrêtés le temps d’une longue pause aux îles Canaries.
On pensait donc qu’ils se trouvaient à La Palma, mais avant de quitter Santa-Cruz, je vais sur ma boîte email et j’ai un message de Claire : ils sont à Santa-Cruz !! Forcément, y’a changement de programme, et de nouveau, nous restons plus longtemps que prévu. On les invite d’abord à manger au bateau, puis après plusieurs tergiversations sur « on part », « on part pas », « mais au fait, on part où ??! », nous décidons de nous poser pour réfléchir et pour les aider deux jours sur leur voilier en carénage. On quitte le port pour se mettre au mouillage en face d’où habitent provisoirement les ratatons et l’idée, c’est de leur donner un bon coup de main pour les motiver au plus vite à nous rejoindre au Sénégal (leur projet pour le Sine-Saloum, organisé avec Voiles-sans-frontières, tient toujours pour le début de l’année prochaine) ! Le séjour à Tenerife s’est transformé en mini chantier pour les uns, et pour les autres, moi en l’occurrence, en nounou de la gentille petite Noémie, fille des ratatons !
Voilà notre premier élément perturbateur (positif bien sûr, superbe rencontre et riches échanges qui ne demandent qu’à se retrouver !) de cette semaine, le deuxième est ce fameux festival de cinéma à Dakar. Histoire assez folle difficile à expliquer de façon claire et concise… accrochez-vous :
Mon premier contact était Oumar N’Diaye, directeur artistique du festival du film de Dakar, on s’était entendu avant notre départ pour participer à cette manifestation se déroulant du 02 au 06 décembre. Entre-temps, plus de nouvelles de lui, nous n’étions pas trop dans les temps… MAIS (il y a toujours un mais) en écrivant à l’alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, j’apprends qu’un festival de film africain va avoir lieu au mois de décembre en Casamance et à Dakar, du 15 au 21, en hommage à Sembene Ousmane. Là je ne comprends plus rien, je me dis que les dates du festival ont été décalées, qu’Oumar N’Diaye ne m’a pas prévenu, car cela ressemble étrangement au festival auquel nous devions participer initialement. Troublée, je passe un petit temps pour faire des recherches sur internet et j’apprends qu’il existe deux festivals, aux appellations assez proches et prévues pour le même mois de décembre, de quoi « risquer de brouiller les repères des festivaliers », tu m’étonnes !
L’explication, je pense l’avoir trouvé en lisant un article sur internet : mon premier contact, Oumar N’Diaye, était le directeur du festival du film de quartier (celui du 15 au 21), et après une querelle avec ses collaborateurs, a quitté son poste et a monté un autre festival : le festival du film de Dakar, dont la 1ere édition aura lieu au début du mois de décembre. De mon côté, je pensais donc avoir à faire au directeur artistique de l’ancien festival ce qui n’était pas le cas, et il ne m’avait pas précisé son changement de poste !
J’ai donc écrit au festival du film de quartier (grand évènement culturel national sur le cinéma africain qui fête sa 10ème édition cette année) expliquant notre projet et notre proposition de participer à leur manifestation en organisant des projections de films sur les rives autour de Dakar, et dès le lendemain, on a leur réponse : ils sont conquis ! En deux jours, nous avions changé de collaborateurs, nous allons maintenant travailler avec le media centre de Dakar, l’une des structures audiovisuelles les plus importantes de Dakar.
Ils nous proposent de diffuser les films programmés pour le festival, dont ceux de l’illustre cinéaste sénégalais Sembene Ousmane, ils nous trouvent différents lieux de projections autour de Dakar tels que l’île de Gorée, de Ngor et la plage Voile d’or (en prévenant eux-mêmes les autorités concernées), bref tout cela s’annonce bien. La petite goutte qui a fait pencher le vase du côté du Sénégal, c’est la possibilité de retrouver une équipe de Thalassa en Casamance. Ils sont là-bas au mois de décembre, et peut-être vont-ils faire un crochet pour faire un petit reportage sur nous, mais ne nous emballons pas, les démarches sont en cours et n’aboutiront peut-être pas…
Voilà toutes les raisons qui nous ont fait cogiter ces derniers jours. Nous aurions aimé passer encore un peu de temps aux îles Canaries, pour découvrir les îles de l’ouest, plus désertiques, naviguer avec notre nouvelle flottille – les ratatons à bord de Créach et Brian à bord de Timshel – mais voilà, nous sommes heureux de mettre en avant le projet, et les potes, on les retrouvera au Sénégal dans l’hiver !
Nous sommes partis de Tenerife mercredi soir dernier pour Las Palmas, capitale des Grandes Canaries ; et oui, nous nous sommes dit que la meilleure façon de visiter les îles Canaries est de séjourner dans toutes ses capitales ! Je rigole bien-sûr, c’était pour retrouver Marcus, qui a pour Evaloa une hélice qui devrait booster un peu notre vieux moteur… Nous pensons partir demain matin, souhaitant arriver autour du 10 décembre à Dakar et ayant environ 8 jours de navigation, nous ne devons pas traîner (en plus, la météo n’annonce pas trop de vent, nous pourrions donc nous retrouver plus d’une semaine en mer).
Vous pouvez ainsi vous imaginez qu’en ce moment, à bord d’Evaloa, ça ne chôme pas, fini les vacances ! Avant-hier matin, Yann est monté en haut du mât, et l’après-midi, il est plongé sous la coque, pour changer l’hélice, programme chargé ! Y’a aussi quelques petits travaux à faire sur le voilier avant la traversée, coudre les moustiquaires, préparer des bons petits mets pour la future longue navigation (hoummos, soupe, pains…)… Quelques chaudes soirées avec nos amis que l’on va bientôt quitter, et au revoir les Canaries !
Allez, maintenant je dois vous dire : rendez-vous pour le prochain message au Sénégal !!! Olala ça fait un peu drôle de se dire ça, heureusement qu’on a 8 jours en mer pour réaliser que ça y’est, après 3 mois de voyage, on arrive en Afrique !